Si l’on se fie à ce qui s’est passé ce matin dans certains lycées d’Alger, que nous avons visités, on peut dire que la grève des lycées a été peu observée lors de ce premier jour.
Certains enseignants récalcitrants, interrogés, estiment qu’il y a d’autres moyens à privilégier pour se faire entendre.
Il était 9 h du matin lorsqu’on est arrivés au lycée Delacroix à Alger où nous avons constaté de visu l’absence de grève, que la Coordination des syndicats de l’éducation nationale (Cnapest, Snapest, Unpef, CLA, SNTE, Satef et Snapap) voulait généralisée.
Les cours se déroulaient normalement dans beaucoup de classes, alors qu’une infime minorité d’enseignants suivait le mot d’ordre des syndicats. «Ce n’est plus crédible vis-à-vis de l’opinion publique, d’autant qu’il existe toujours d’autres solutions pour arriver à faire admettre nos doléances», estime une enseignante de sciences, qui refuse toutefois de divulguer son nom. «Je ne fais pas la grève pour les autres. Je refuse d’être utilisée à des fins syndicalistes », ajoute-t-elle. Du côté des élèves, c’est l’an-xiété.
La plupart, particulièrement les classes d’examen, ont exprimé leur inquiétude quant à ce mouvement, qui risque de compromettre leurs études. « Je refuse de faire grève d’autant que les programmes sont surchargés et il n’y a plus de seuil à réviser pour le bac». Certains élèves ont profité de l’occasion pour faire part de leurs problèmes, notamment la surcharge des classes, les conditions de travail et la mauvaise qualité de la formation. «On est au rez-de-chaussée et donc on ne peut pas suivre le cours, puisque il y a du bruit, sans compter les mauvaises odeurs..», s’indigne Lina en terminale, spécialité langues dans ce même lycée. Quant à Karim, il a relevé le pro-blème des classes surchargées : «On se retrouve à 40 élèves par classe. Comment pourrais-je comprendre le cours avec ce grand nombre ?» La problématique de la qualité de l’enseignement a été posée par certains élèves de cet établissement scolaire. «Nous avons peur du bac, puisque nos profs de français et d’anglais nouvellement recrutés ne sont pas compétents», nous indiquent certains élèves de terminale à la sortie de ce lycée. Même son de cloche au lycée Omar Ibn Khatab, au Sacré Cœur (Alger-Centre). Cet établissement scolaire n’a pas été totalement paralysé. Peu d’élèves ont été pénalisés, du fait que leurs enseignants ont soutenu cette action. «Je n’aurais pas cours en éducation islamique à 11 heure puisque mon enseignant a opté pour la grève», nous dit Rami de Télemly en classe terminale, spécialité maths. Interrogé s’il est pour ou contre la grève, il enchaîne : «Bien sûr que je suis contre. Nous avons 8 chapitres en physique et nous sommes à peine arrivés au 5e, donc on risque de ne pas terminer le programme.» Beaucoup d’élèves du même lycée ont exprimé leur mécontentement quant à ce débrayage qui pourrait provoquer un retard ponctuel aux cours et entraîner même des échecs scolaires. Le mois de février s’annonce ainsi mouvementé dans le secteur de Benghebrit. Chose qui perturbera l’année scolaire comme ce fut le cas lors des années précédentes. C’est à se demander à quand la fin de ce bras de fer qui ne fait que plonger d’avantage l’école algérienne dans le chaos !
Samia Lounes