Lycée ouamrane: La peur toujours là

Lycée ouamrane: La peur toujours là

Au lycée Ouamrane, théâtre, mercredi dernier, d’affrontement entre éléments étrangers au sein de l’établissement, le calme est revenu, mais la situation demeurait tendue ce jeudi.

Les cours n’avaient pas repris et la police se tenait en faction devant le portail, matraque au poing. Dans la cour, profs et élèves avaient l’air aussi tendus qu’inquiets. Pour la première fois, face à un événement aussi grave, ils se sentaient dépassés : La violence faisait peur à tout le monde.

Devant les classes, par petits groupes, les élèves bavardaient. D’autres gardaient le silence. La journée était printanière, mais le petit coeur n’était à la joie. Au moins l’un d’eux a l’avant bras fracturé. Il a reçu un coup de bâton et portait le plâtre. Parmi eux les profs circulaient ou se tenaient en silence.

L’un d’eux acceptait de répondre à nos questions : une réunion avec les élèves et leurs parents allait se tenir vers dix heures sur les conditions de sécurité au sein de l’établissement. Mais une plate- forme de revendications serait portée par les élèves exigeant plus d’assouplissement de la discipline à l’intérieur de l’établissement.

De quoi braquer notre interlocuteur qui a peur qu’avec de telles revendications ne s’installe une situation anarchique propice à tous les maux. « Nous dirons aux parents que s’ils sont d’accord pour qu’il y ait moins de disciplines dans les classes, que ce serait la porte ouverte à tous les abus et que ce qui était arrivé hier ici, pourrait arriver demain chez eux, à la maison. »Pour lui, la discipline est essentielle. On ne peut former, éduquer sans s’appuyer sur des règles auxquelles se plient tout le monde. Elles sont à la base de toute réussite. Un bon élève est d’abord un élève discipliné. Mais comment, dans un lycée aussi tranquille, on en était arrivé là ?

Comment de la dispute entre deux filles en 2ème année pour un gâteau que l’une avait dans son cartable et que l’autre avait pris à son insu et mangé, on en était venu à cette situation que les adultes n’arrivaient pas à maîtriser ? Comment ne pas voir là une preuve d’incompétence de la part de ceux qui gèrent l’établissement ? Deux élèves s’étaient querellées ? A la bonne heure ! On leur fait changer de place ou de classe. On les renvoie et on convoque les parents si le problème persiste. Et tout rentre dans l’ordre. La deuxième erreur est d’avoir permis aux élèves de quitter les classes pendant la bagarre dans la cour.

Ils y étaient plus en sécurité. La troisième et de les avoir renvoyés chez eux après l’intervention de la police et le retour au calme. Dans la rue, la querelle aurait se rallumer. La quatrième et dernière erreur est d’avoir invité les élèves à cette réunion. L’aspect sécuritaire de l’établissement ne regarde que ses responsables seuls.

Ni les parents ni les élèves-ces derniers encore moins-ne sont concernés par la question. La bagarre qui a éclaté dans l’établissement n’a pas été provoqué par les élèves, mais par des jeunes complètement étrangers à l’établissement. Enfin, une question : qui était ce monsieur que nous rencontrions ce mercredi dans cet établissement, avions pris pour un inspecteur, et qui se présentait lui-même comme un étranger et un témoin ?

Un envoyé du ministère de l’Éducation, comme nous avons fini par en avoir le soupçon ? Son rapport dans ce cas pourrait être discutable. En dehors des éloges dont il ne tarissait pas à l’encontre du proviseur, son témoignage ne nous a guère été utile pour qui était de la rixe à l’intérieur de l’établissement. Pour lui, la scène n’a pas fait de victimes, alors que si. La preuve : cet élève qui avait une partie du bras prise dans le plâtre. Il y a eu les deux frères de l’une des deux filles à l’origine de cette bagarre et qui ont été évacués par la police vers l’hôpital.

Et cet agent qui, ce jeudi, nous confiait avoir été pris à partie et battu par les assaillants ? Pourquoi ne disons-nous pas la vérité ? Pourquoi nous cachons-nous le fossé qui existe entre l’administration et les enseignants et entre les enseignants et les élèves ? Pourquoi n’avons-nous pas que les directeurs qui ne savent pas parler aux enseignants et les enseignants aux élèves. Pourquoi ne pas appeler un chat un chat, et ne pas reconnaître que l’école est sinistrée, du fait de l’incompétence des profs et des directeurs d’établissements, beaucoup plus que de la lourdeur des programmes qui les rend indigestes ?

Pourquoi ne pas dénoncer que les grèves qui minent le secteur, s’ils sont légitimes, sont absolument antipédagogiques, car, elles interviennent toujours au moment où l’élan général est pris, qu’elles cassent net ? Peut être que si on regardait en face la réalité telle qu’elle est, nous verrions beaucoup plus clair dans la situation qui prévaut dans ce secteur si sensible et que nous finirions par tirer les conclusions qui s’imposent.

Ali D.