Les pouvoirs publics devraient décaler la mise en oeuvre de certains investissements dans les infrastructures pour absorber les effets inflationnistes contenus dans les dépenses publiques, a préconisé, hier, le président du Conseil national économique et social (Cnes), Mohamed Seghir Babes.
Si l’inflation en Algérie a atteint les 3,9% l’année écoulée, que seraitelle en 2011, à l’aune des augmentations de salaires, les mesures prises pour l’amélioration du pouvoir d’achat, les facilitations relatives à l’accès au logement et au travail décidées par les pouvoirs publics ? Sans aucun doute, les incidences ne pourront être qu’importantes.
La poussée inflationniste est inévitable, d’où l’impérative de mettre en place des instruments efficaces permettant de diminuer, un tant soit peu, l’impact aussi bien sur le Trésor public que sur les bourses des citoyens.
Car, si l’inflation n’a pas été contenue, la facture des ménages serait plus salée. Autrement dit, la situation financière des Algériens reviendrait au point de départ. À cet égard, Mohamed Seghir Babes a plaidé, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, pour une série de mesures en vue de faire face à cette situation.
Rappelant que le projet de Loi de Finances Complémentaire 2011 prévoit une augmentation de 25% de la dépense publique, soit plus de 23 milliards de dollars, destinée essentiellement à la prise en charge des récentes mesures portant sur l’amélioration des conditions de vie, l’invité de la rédaction a affirmé que le gouvernement devrait procéder à «un arbitrage dans le sens d’un lissage du budget d’investissement».
«Le gouvernement devrait reconsidérer certains aspects liés aux actions qu’il doit engager dans les prochaines années notamment en matière de la masse des investissements dans les infrastructures qui constituent, en effet, un effort de rattrapage », dit-il.
«Il ne s’agit pas d’arrêter les investissements dans les infrastructures, mais de les décaler dans le temps pour permettre d’absorber les effets inflationnistes potentiels contenus notamment dans les augmentations de salaires», tient à souligner le président du Conseil national économique et social.
Selon lui, le risque inflationniste induit par ces décisions demeure dans «des limites contenables et gérables sur les trois à quatre prochaines années». Toutefois, la prise en charge de ce risque est adossée à «des prélèvements sur la rente pétrolière et gazière». Dans ce sens, il estime nécessaire de trouver les moyens d’aller vers «une économie de l’offre au lieu d’une économie de la demande et changer complètement de régime de croissance économique».
Si Mohamed Seghir Babes préconise le décalage de certains gros investissements afin de contenir l’inflation, le premier argentier du pays, en l’occurrence Karim Djoudi, en marge d’une séance de questions orales à l’APN, avait proposé la transformation des rappels au titre du régime indemnitaire de 2008, 2009 et 2010 en épargne, dans la perspective d’utiliser celle-ci (l’épargne) notamment dans les dispositifs de soutien à l’accession au logement.
«Les banques ont tout intérêt à profiter de cette masse d’argent mais doivent être plus actives en termes de mobilisation de l’épargne», avait-il préconisé.
Hamid Mohandi