Les hôpitaux ne sont pas sans danger. L’air, l’eau, l’alimentation contiennent des germes qui ne sont pas dangereux dans des conditions normales, mais qui peuvent provoquer des infections chez les patients et les visiteurs fragiles.
Qui de nous n’a été un jour à l’hôpital, du moins pour rendre visite à un malade ? Incontestablement personne. Nos traditions exigent de nous d’être au chevet des malades en chaque occasion. Voir le patient et s’enquérir de son état de santé réconforte. Néanmoins, ces lieux ne présentent-ils pas, pour les visiteurs, le risque de contracter des maladies ? Y a-t-il des consignes à respecter ? Les visiteurs, et notamment les gardes-malades qui sont généralement des proches parents appelés à passer des nuits et des journées entières au chevet du malade, sont-ils exposés aux dangers de maladies, dites infections nosocomiales ? Et vice versa.
Le professeur Soukehal Abdelkrim, chef de service épidémiologie et médecine préventive à l’hôpital de Beni Messous, rappelle que les hôpitaux et les cliniques abritent de nombreux germes (virus, bactéries), qui peuvent infecter le patient, le personnel, le matériel, les surfaces, et tout l’environnement hospitalier. La lutte contre les infections nosocomiales est, selon le spécialiste, un combat difficile, puisqu’« il s’agit, avant tout, d’un problème de comportements ». Selon lui, le patient et le personnel constituent la plus importante source de contagion.
Le matériel de soins en est également à l’origine. Les surfaces sont recouvertes naturellement de nombreux microbes et peuvent aussi être contaminées par les germes qui sont présentes sur les mains, dans la bouche, etc. L’épidémiologiste affirme également que l’environnement représente aussi une source de microbes. L’air, l’eau, l’alimentation contiennent des germes qui ne sont pas dangereux dans les conditions normales mais qui peu vent provoquer des infections chez les patients et les visiteurs fragiles. C’est pour cela que la visite d’un malade dans les lieux de soins nécessite beaucoup de précautions.
Comment prévenir ces risques ? Le professeur Soukehal souligne qu’« en médecine, le risque zéro n’existe pas ». Pour cette raison, il n’est pas toujours possible d’éviter les infections nosocomiales. Il est par contre « tout à fait possible d’en limiter la fréquence et la gravité en respectant d’abord scrupuleusement des règles simples, surtout d’hygiène », a-t-il précisé. Les visiteurs présentant une infection des voies respiratoires ou toute autre maladie contagieuse, ne devraient pas entrer dans les secteurs de soins. Les chambres des malades doivent être aérées et contenir deux visiteurs au maximum. Les plantes en pots sont autorisées dans les chambres des malades et sont interdites dans les services recevant des patients immunodéprimés ou à risque (réanimation, néonatologie,…).
Les visiteurs doivent, également, se laver les mains avant et après la visite d’un malade « afin d’éviter la transmission manuportée des germes ». Ils doivent accepter qu’un malade atteint d’une maladie contagieuse, ou fragile soit placé dans un endroit isolé, et particulièrement adapté à la prévention des maladies transmissibles et la transmission de bactéries résistantes aux antibiotiques. Cet isolement ne préjuge pas de la gravité de l’état de santé du patient. Aussi, les visiteurs ne doivent aucunement se rassembler dans des couloirs. Le professeur Soukehal a, par ailleurs, pointé du doigt le manque de moyens de lutte contre les infections liées aux soins. Il fait savoir par exemple que le balayage dans les chambres et dans les couloirs ne doit pas être autorisé. « Le balayage à sec est à bannir du fait qu’il génère de la poussière. Le nettoyage des sols doit se faire avec des produits bio qui répondent aux normes ISO. » Pour ce faire, « une formation s’impose pour le personnel du nettoiement », dit-il avant d’ajouter que « même en matière de détergents, il faut faire très attention ». Selon ses propos, il y a des produits spécifiques pour les hôpitaux. « On ne nettoie pas l’hôpital comme on nettoie son appartement », souligne-t-il. Lors de leur acheminement dans les hôpitaux, les produits usuels du nettoyage subissent des détériorations, « c’est pour cela qu’on ne peut pas faire confiance à l’eau de Javel que nous trouvons dans ces lieux de soins. Car elle n’a pas un degré chlorémétrique respecté et on ne connaît pas le milieu où il est stocké », a-t-il indiqué. En plus du bionettoyage, le personnel doit également prendre en considération la tenue vestimentaire.
Les personnes doivent porter des habits de protection, selon l’éminent spécialiste qui rappelle que l’usage de la poubelle répond à un comportement particulier. Il précise qu’« on ne doit pas soulever le couvercle, car il dégage des champignons qui peuvent être inhalés par le personnel soignant comme par les malades. La désinfection se fait avec un instrument répondant aux normes. Le port de gants est impératif. Il faut aussi une tenue à manches courtes, des ongles coupés courts et pas de vernis à ongles.
Abbas A. H.