Même si des quantités plus importantes ont été saisies par le passé aux frontières, notamment celle marocaine, cette interception relève du record parce quelle a eu lieu à l’intérieur du pays, soit à M’sila.
Une tonne de résine de cannabis a été saisie, jeudi après-midi, à bord d’un camion intercepté à l’entrée Est de la ville de M’sila.
Appelé kif, haschich ou zetla dans le jargon algérien, le cannabis est devenu une des drogues les plus répandues dans notre société. Selon les spécialistes, l’Algérie se transforme peu à peu en une terre de culture de résine de cannabis et d’opium, un marché en pleine extension qui s’explique par la forte demande de ces dernières années.
Le fameux débat autour de la drogue et la toxicomanie ne cesse d’interpeller les consciences et la consommation des drogues a atteint des proportions alarmantes. Pour preuve, une tonne de résine de cannabis a été saisie, jeudi aprèsmidi, à bord d’un camion intercepté à l’entrée Est de la ville de M’sila, a indiqué hier une source sécuritaire proche de l’enquête ouverte aussitôt après cette prise record. Selon cette source, les éléments de la Sûreté nationale, informés de la présence de plusieurs individus transportant une «importante» quantité de drogue, ont tendu une souricière à l’entrée sud de la ville.

A la vue des policiers, les trafiquants dont le nombre n’a pas été déterminé se sont enfuis, abandonnant leur véhicule à bord duquel la drogue a été découverte et saisie par les policiers. Une «enquête minutieuse » est actuellement menée à l’effet d’identifier les trafiquants en fuite et établir la provenance du camion qui, selon des éléments préliminaires, circulait entre l’ouest et le sud du pays, a indiqué la même source. Il s’agit de la plus importante saisie de drogue jamais effectuée dans la wilaya de M’sila. Malgré les efforts de l’Etat pour lutter contre ce fléau, les chiffres avancés par les différents corps de sécurité sont de plus en plus impressionnants.
Des saisies importantes confirment l’étendue du phénomène. Durant l’année dernière, les saisies de cannabis opérées par les unités de la Gendarmerie nationale représentent une valeur de 580 millions USD. «Une hausse de 23,20% comparativement à l’année 2012 en matière d’affaires traitées», avait indiqué un officier supérieur. «La période de l’année 2013 a été marquée par la saisie de 130 182 tonnes de kif traité, contre 72 936 tonnes l’année d’avant et 228 420 comprimés de psychotropes contre 655 922 saisis en 2012», a-t-il souligné.
Par ailleurs, la totalité des stupéfiants saisis par ses services (63 tonnes) représentait du kif traité en provenance du Maroc, premier producteur de cannabis au monde, selon le dernier rapport de l’office des Nations unies pour la drogue et le crime. D’après le directeur central du renseignement douanier, Medjebar Bouanem, «les routes de la drogue ont changé depuis l’aggravation de la situation sécuritaire au Sahel. Les groupes terroristes ne sont plus en mesure d’assurer la sécurité de l’acheminement des cargaisons ». Sur les 63 tonnes saisies, la région de Tlemcen arrive en tête avec 26,3 tonnes, suivie de Ouargla avec près de 20 tonnes, Béchar avec 7 tonnes, Laghouat (5,8 tonnes), Oran (2,8 tonnes) et Chlef (1,6 tonnes).
«Nous sommes forcement devenus un pays de transit avec la complication de la situation au Sahel», affirme M. Bouanem qui ajoute que pour le trafic de drogue «la connexion est maintenant avérée» entre les narcotrafiquants et les groupes terroristes. Le total des saisies des psychotropes a dépassé les 122 000 comprimés, dont 104 360 saisis à Béchar. Les services des douanes ont également réussi de grands coups dans les régions du nord du Sahara, sur l’axe de Béchar, Ghardaïa, Laghouat, Ouargla, El Oued, suivant lequel la drogue est acheminée par voie terrestre vers la frontière Est du pays.
Ces chiffres démontrent que beaucoup de travail reste à faire pour sécuriser les frontières du pays. Enfin, pour conclure il précise que «la criminalité organisée, particulièrement le trafic de stupéfiants, reste la menace principale pour la sécurité nationale, attestée par la tendance ascendante des saisies opérées ces dernières années qui démontre la connexion avérée des narcotrafiquants avec les organisations terroristes implantées au Sahel et dans le sud-ouest de la Libye».
M. B.