La lutte contre les narcotrafiquants bat son plein à travers tout le territoire national. Aux frontières, dans les ports et aéroports et même dans les quartiers, la traque au cannabis que mènent les services de sécurité a connu un record jamais atteint durant ces deux dernières années, le contexte politico-sécuritaire engendré par ce qu’on appelle le Printemps arabe ayant été bénéficiaire aux trafiquants.
Pas moins de 300 réseaux de trafic de drogue ont été anéantis dans les années 2011 et 2012 auxquelles faudra ajouter aussi les trois premiers mois de l’année 2013, selon les statistiques établies par les services de police et de gendarmerie. A Alger par exemple, plus d’une centaine de réseaux de trafic de drogue ont été démantelés par la gendarmerie et la police.
Cela s’est soldé par la récupération de plusieurs centaines de kilos de kif mais, surtout, par le démantèlement de réseaux dangereux qui alimentaient tous les quartiers de la capitale, explique une source sécuritaire.
Un constat alarmant qui démontre, une nouvelle fois, comment l’Algérie est devenue la cible préférée des réseaux internationaux de trafic de kif issus de pays tels que le Maroc, le Mali et la Mauritanie.
Ces derniers ont, depuis 2011, développé leurs techniques, profitant de la conjoncture politico-sécuritaire qui régnait dans certains pays arabes, au point d’avoir souvent recours à des armes de guerre pour parvenir à introduire sur le sol algérien des dizaines de tonnes de kif traité.
Grâce aux arsenaux de guerre acquis auprès des trafiquants d’armes maliens, nigériens et libyens, entre autres des AK/47 et FM/PK, les réseaux de trafic de drogue ont pu acheminer vers l’Algérie plus de 150 tonnes de cannabis pour la seule année 2012, alors qu’en 2011, les réseaux avaient acheminé 70 tonnes. Un chiffre jamais atteint.
En août 2012, soit en plein mois de ramadhan, quatre GGF (gardes-frontières) du 1er GGF de Tlemcen ont été lâchement assassinés lors d’une embuscade tendue par des narcotrafiquants qui se sont échappés vers le sol marocain, la terre de refuge des trafiquants.
Cette embuscade meurtrière était une réplique des trafiquants de drogue au lendemain d’une saisie de plus de 4 tonnes de kif traité sur la bande frontalière algéromarocaine, plus exactement à Bab El- Aâssa.
C’était là un cas de figure flagrant qui a confirmé que narcotrafiquants étaient en possession d’armes de guerre. Toutefois, et malgré cette grande menace, la vigilance des GGF et des éléments de la PAF (police des frontières) a permis de récupérer des dizaines de tonnes de drogue durant la même période (2011-2012).
Cependant, les narcotrafiquants, qui faisaient transiter ces tonnes de cannabis, ont réussi à échapper aux services de sécurité, non seulement grâce aux armes qu’ils utilisent mais aussi compte tenu de la proximité du territoire marocain, ces derniers arrivant facilement à s’y réfugier.
Cette technique entreprise par les narcotrafiquants s’ajoute à une autre qui commence à se généraliser en Algérie. Il s’agit de l’enrôlement de jeunes filles au sein des réseaux.
Ces femmes « cannabis « sont utilisées dans des missions dites délicates, c’est-àdire à haut risque. Elles portent des ceintures bourrées de dizaines de kilos de cannabis sous forme de plaquettes de 100 grammes qu’elles doivent, à tout prix, acheminer aux clients.
Plus d’une centaine de femmes ont été appréhendées par les brigades des stups au cours de leurs enquêteu. A Sidi Bel Abbès, Alger-Plage et Tlemcen ou encore à Oran, Guelma et Tébessa, plusieurs femmes ont été arrêtées en possession de plusieurs centaines de kilos de drogue.
Certaines portaient la drogue sous leurs vêtements, d’autres utilisaient carrément des ceintures faisant croire qu’elles étaient enceintes, alors que d’autres préféraient utiliser des bébés et des enfants afin de tromper la vigilance des services de sécurité.
Sofiane Abi