Lutte contre le terrorisme et respect des droits de l’homme, Le gouvernement tunisien en est-il capable ?

Lutte contre le terrorisme et respect des droits de l’homme, Le gouvernement tunisien en est-il capable ?
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La mosquée est-elle devenue une source d’inquiétude pour le gouvernement et les citoyens tunisiens ? Tout semble le confirmer. À en juger par le nombre des “jihadistes” tunisiens enrôlés dans les rangs de Daech, on est enclin à le croire.

Bénéficiant durant une longue période du silence des gouvernements de la Troïka, de nombreux imams extrémistes ont agi à leur guise pour embrigader de milliers de jeunes innocents pour les convertir en terroristes destinés à combattre le “taghout”. Aujourd’hui, la donne a changé. Le nouveau gouvernement de Habib Essid, qui gère les affaires du pays depuis deux mois, est décidé à tarir les sources religieuses du terrorisme. Cependant, la tâche semble ardue, en ce sens que sur les 4 000 mosquées recensées en Tunisie, près de 190 échappent, à ce jour, au contrôle de l’État. Celui-ci est, selon les déclarations des officiels, décidé à faire usage de la force — si besoin est — pour les soumettre à la tutelle du ministère des Affaires religieuses, tout comme cela a été fait vendredi dernier pour la grande mosquée de la Zitouna de Tunis. Cela s’inscrit, dit-on, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, lutte qui se verra, bientôt, dotée d’une législation adéquate qui protège aussi bien les citoyens que les cadres sécuritaires et de l’armée. L’examen des textes législatifs par l’Assemblée des représentants du peuple (APR) ne laisse pas insensibles les militants de la société civile, la Ligue tunisienne des droits de l’Homme ou le Syndicat des imams prédicateurs, qui attirent l’attention du gouvernement sur la nécessité d’éviter les dérapages lors de l’application de la future loi sur le terrorisme. Pour certains imams, il ne faut pas “instrumentaliser d’une manière suspicieuse” le terrorisme pour porter atteinte aux libertés individuelles.

En effet, au cours d’une conférence de presse, le Syndicat des imams prédicateurs, qui regroupe des imams considérés “modérés”, estime que le terrorisme, qui ne reconnaît pas les frontières, ne doit pas être appréhendé à travers le volet sécuritaire uniquement. Cette approche a montré ses limites, estiment les imams qui appellent le gouvernement à s’attaquer à d’autres volets, non moins importants, tels que la qualité et le contenu de l’éducation religieuse dispensée dans les écoles, les lycées, voire les facultés, pour éviter aux jeunes Tunisiens de tomber dans l’extrémisme et de se verser dans les courants destructeurs. Aussi, la mosquée doit-elle être préservée de ces courants et protégée des campagnes de dénigrement menées par certaines chaînes de radio et de télévision.

Ainsi, entre la nécessité impérieuse de mettre tous les moyens au service de la lutte contre le terrorisme et la réponse favorable aux appels de ceux qui se préoccupent en premier lieu du respect des libertés individuelles et des droits de l’Homme, le gouvernement doit faire preuve de beaucoup de doigté pour éviter de tomber dans ce qui est appelé communément “l’interdit” et le retour aux pratiques érigées en système de gouvernance du régime du président déchu, Zine el-Abidine Ben Ali. Lutter contre le terrorisme tout en rendant à la mosquée son rayonnement d’antan, la guerre n’est qu’à ses débuts. Voilà à quoi s’emploie le gouvernement actuel. Y réussira-t-il ? Pourvu qu’il y parvienne, souhaite le commun des Tunisiens.

LG Algérie

M. K.