Lutte contre le terrorisme en Tunisie,Opération militaire de « grande ampleur » au mont Chaâmb

Lutte contre le terrorisme en Tunisie,Opération militaire de « grande ampleur » au mont Chaâmb
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L’armée tunisienne ratisse le mont Chaâmbi après l’assassinat de huit soldats par les jihadistes

C’est au mont Chaâmbi que huit militaires ont été tués et mutilés dans une embuscade lundi. Trois autres soldats et un gendarme ont trouvé la mort et une vingtaine d’autres blessés dans ce massif depuis décembre.

L’armée tunisienne menait hier une opération «de grande ampleur» contre un groupe armé à la frontière algérienne où huit soldats ont été sauvagement tués, tandis que le gouvernement dirigé par les islamistes restait déstabilisé par la crise politique.

Des accrochages entre les militaires et ce groupe qualifié de «terroriste» ont éclaté dans la nuit au mont Chaâmbi, où l’armée traque depuis décembre un groupe appelé «Phalange Okba Ibn Nafaâ» qui serait lié à Al Qaîda et composé notamment de vétérans de la rébellion islamiste du Nord Mali. Selon le porte-parole de l’armée, Taoufik Rahmouni, «une opération de grande ampleur, avec usage d’unités aériennes et terrestres a débuté à l’aube pour assainir la montagne» Chaâmbi et pour le moment, «nous n’avons ni tué ni arrêté de terroristes». Il a affirmé ne pas pouvoir dire de combien de combattants le groupe armé était composé. Les explosions étaient audibles depuis Kasserine, ville voisine située à une quinzaine de kilomètres de là, selon l’AFP. Un groupe de militants salafistes, a été arrêté dans une mosquée de cette ville, selon une source militaire. C’est au mont Chaâmbi que huit militaires ont été tués et mutilés dans une embuscade lundi. Trois autres soldats et un gendarme ont trouvé la mort et une vingtaine d’autres blessés dans ce massif depuis décembre. Les forces tunisiennes n’ont toujours pas réussi à neutraliser le groupe dont une quarantaine de complice présumés ont cependant été arrêtés ces derniers mois. L’attaque sanglante de lundi a aggravé une crise déclenchée le 25 juillet par l’assassinat par balles d’un député d’opposition, Mohamed Brahmi, un crime attribué à la mouvance jihadiste. Aucune solution ne semblait se dessiner pour cette crise alors que divers groupes d’opposition et représentants de la société civile, qui n’ont jusqu’à présent pas pu déterminer une position commune, réclament le départ du gouvernement dirigé par les islamistes d’Ennahda. Certains réclament même la dissolution de l’Assemblée nationale constituante élue en octobre 2011 mais dont les travaux sont dans l’impasse. Le parti Ennahda a rejeté ces revendications, proposant de former une coalition élargie et des élections le 17 décembre. Le Premier ministre Ali Larayedh et le président Moncef Marzouki, un laïc allié aux islamistes, ont mené de premières consultations avec les partis jeudi. Mais les tiraillements sont nombreux aussi dans le camp gouvernemental, un parti laïque allié à Ennahda et deux ministres ayant souhaité la démission du cabinet actuel. Dans la rue, la mobilisation des militants des deux camps se poursuivait une semaine après la mort du député de l’opposition, des milliers de manifestants se rassemblant toutes les nuits face à l’ANC après la rupture du jeûne du ramadan.

Si les détracteurs du régime sont plus nombreux à descendre dans la rue, Ennahda a appelé à une grande manifestation «contre le terrorisme» et pour défendre sa légitimité à gouverner samedi tard le soir, place de la Kasbah à Tunis, où siège le gouvernement. Depuis la révolution de janvier 2011, la Tunisie est confrontée à l’essor de groupes islamistes violents. L’opposition laïque a accusé à de multiples reprises Ennahda de laxisme et d’incompétence pour démanteler ces groupes. L’assassinat du député Brahmi est le deuxième du genre après celui de l’opposant Chokri Belaïd en février qui avait entraîné la chute d’un premier gouvernement dirigé par Ennahda. Le ministère de l’Intérieur a établi un lien entre les deux meurtres, la même arme ayant été utilisée selon la police, et les tireurs identifiés. Ceux-ci, présentés comme des militants salafistes, n’ont cependant pas été arrêtés et aucune indication n’a été donnée sur les commanditaires.

Les autorités tunisiennes ont par contre indiqué qu’un lien existait entre le groupe de Chaâmbi, les tueurs des opposants et la principale organisation salafiste tunisienne, Ansar Ashari’â, dirigée par un vétéran de la guerre en Afghanistan Abou Iyadh. Ce mouvement a rejeté ces accusations.

Arrestation d’un «extrémiste» blessé par sa propre bombe

Le ministère tunisien de l’Intérieur a annoncé vendredi l’arrestation d’un «extrémiste» ayant eu la main arrachée en manipulant des explosifs. «Une unité a arrêté jeudi soir un extrémiste qui préparait des matières explosives et qui a eu la main arrachée durant la manipulation» d’explosifs, a indiqué le ministère dans un court communiqué. Les autorités tunisiennes ont reconnu ces derniers mois faire face à un essor de la menace ´´terroriste´´ islamiste. Une vaste opération militaire est en cours dans une zone à la frontière algérienne où un groupe armé a sauvagement tué lundi huit soldats. Un opposant a aussi été assassiné à Tunis par balles le 25 juillet, un crime attribué à la mouvance salafiste jihadiste et qui a déclenché une crise politique menaçant le gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahda. Enfin, cette semaine, les autorités ont aussi fait état d’un attentat manqué contre une patrouille de la gendarmerie à quelques dizaines de kilomètres au sud de Tunis.