Lutte contre le terrorisme au sahel: L’autre leçon algérienne

Lutte contre le terrorisme au sahel: L’autre leçon algérienne

Le sahel fait bouger le monde qui prend assurément conscience de la gravité de la situation sécuritaire et de l’ampleur des défis régionaux.

Dans ce sanctuaire de l’Aqmi, conforté par le développement de la relation idéologique» avec l’insurrection libyenne, évoquée par Mokhtar Belmokhtar, et les avantages tirés du «printemps libyen» en matière d’armement, les exigences du combat solidaire contre le terrorisme international se font de plus en plus sentir pour garantir la paix et la stabilité régionales.

Les pays du champ (Algérie, Mali, Mauritanie, Niger), instituant à Alger (les 7 et 8 septembre 2011) un partenariat sur le développement et la sécurité, se sont mobilisés, pour diagnostiquer la «filière» de l’Aqmi connection établie avec le mouvement des Shababs somaliens et le groupe nigérian Bouko Haram disposant désormais d’un nouveau mode opératoire, passant de l’ère des machettes aux attentats à la voiture piégée et significatif des formes d’«assistance et de formation » dispensées.

La quête de la «profondeur stratégique en Afrique», ouvertement proclamée par le chef d’Aqmi, Abou Moussab el Wadoud, légitime la solidarité à l’africaine concrétisée par la participation à la rencontre de Nouakchott, prévue au début du mois de décembre prochain, des trois pays limitrophes (Nigeria, Tchad, Burkina Faso) aux travaux sur le Sahel.

A l’échelle mondiale, la coordination est assurée par le Forum global de lutte contre le terrorisme (FGCT), lancé le 22 septembre à New York et comprenant 30 membres dont l’Algérie, qui tiendra ses premières assises aujourd’hui et demain à Alger.

Coprésidée par l’Algérie et le Canada, cette réunion tend ainsi à favoriser la coopération en matière de lutte contre le terrorisme dans cinq domaines, à savoir ceux de la sécurité frontalière, la coopération entre les services de police, la lutte contre le financement du terrorisme et la coopération et le renforcement juridique et judiciaire.

Sur la base d’un partenariat régional et international, la mise en place de ce mécanisme d’évaluation et de mobilisation procède au renforcement de la stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme des Nations unies.

L’urgence est déclarée dans une région qui subit de plein fouet les conséquences désastreuses de la guerre en Libye. C’est que la poudrière sahélienne reste sous la menace directe de «l’arsenal à ciel ouvert» livré au pillage systématique et aux réseaux d’approvisionnement en armes exfiltrés, selon le président tchadien, Idriss Deby Itno, dans les sanctuaires du Ténéré nigérien.

L’enquête de la cellule sécuritaire des pays du champ, chargée de suivre le mouvement de circulation des armes libyennes, a diagnostiqué les sources de la «filière» d’Aqmi et dressé une liste de 26 trafiquants de diverses nationalités (Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Nigeria, Sénégal, Libye et Burkina Faso). Mais, l’état des lieux onusiens (de 800.000 à un million d’armes légères et 10.000 missiles sol-air) fait craindre le pire. Le syndrome des lance-roquettes est dramatiquement appréhendé pour la sécurité de l’aviation civile en Afrique du Nord et au Proche-Orient.

Pour le comité américain intersectoriel, regroupant les représentants des ministères des Affaires étrangères, de l’Intérieur et de la Défense, Manpads Task force, les 20 000 missiles sol-air à courte portée (SATCP) bunkérisés ou perdus éventuellement dans la nature nécessitent un travail de longue haleine pour faire le listing complet des armes restantes et effectuer, ensuite, les excavations.

Dans une conférence de presse, animée à l’ambassade US à Alger, le chargé du groupe de travail, Derith Smith, a situé la responsabilité et «le rôle souverain » du gouvernement libyen dans le contrôle des armes et lancé un appel à l’Algérie «qui connaît mieux que quiconque la région, mais aussi la Libye» pour apporter son aide et son soutien. Tout comme pour son combat pionnier contre le terrorisme, la leçon algérienne vaut pour le Sahel de tous les enjeux sécuritaires.

Larbi Chaabouni