La Journée de la lutte contre le tabac ne doit pas être seulement celle des constats et des appels sans suite. Pourquoi pas des amendes contre les récalcitrants ?
«Il existe, certes, une réglementation antitabac mais elle n’est malheureusement pas respectée», a déclaré le Pr Nafti, spécialiste des maladies respiratoires au CHU Mustapha-Pacha. Selon lui, la stratégie la plus efficace «est de verbaliser les récalcitrants. C’est une mesure instaurée dans de nombreux pays et qui a porté ses fruits, je crois que c’est là l’occasion idéale de tirer la sonnette d’alarme sur les dangers du tabagisme».
«Les gens fument aussi bien dans les hôpitaux que dans les aérogares. L’expérience dans d’autres pays révèle qu’il y a de nombreuses mesures efficaces de lutte antitabac qu’on peut appliquer dans diverses situations et qui ont un effet significatif sur la consommation de tabac», a-t-il souligné.
M. Nafti en faisant état de 15 000 Algériens qui décèdent chaque année à cause du tabac, a rappelé que cela «représente une moyenne de 45 décès/jour, ce qui est énorme». Le tabac représente, en effet, un véritable danger pour la santé des citoyens. «A l’instar de la cocaïne ou de l’héroïne, le tabac est une drogue qui devrait être également réprimée.
C’est un cocktail de produits toxiques responsables de quelque 25 maladies.» Il cite à cet effet, plusieurs cancers liés au tabac, dont le cancer du poumon qui est le plus fréquent. «Le tabac augmente aussi le risque de développer des maladies cardio-vasculaires et autres pathologies diverses. Par ailleurs, le tabac représente un danger majeur pour le fœtus au cours de la grossesse», a indiqué le Pr Nafti. Pour lui, l’augmentation du prix du tabac pour le rendre inaccessible peut être, également, une solution de lutte contre ce fléau.
Côté juridique, Mme Yamina Houhou, juriste et professeur à la faculté de droit de Ben Aknoun, indique que «tout dépend de la volonté de l’Etat d’appliquer les lois interdisant le tabagisme et de sévir contre ce phénomène qui fait un ravage dans notre pays.» Selon la juriste, les lois antitabac existent, à l’instar de la loi 85-05 relative à la protection et à la promotion de la santé et la loi 10-396 portant réglementation de l’importation et de la commercialisation du tabac, mais, malheureusement, elles ne sont pas appliquées.
L’intervenante plaide pour une loi protégeant les non-fumeurs. «Il n’existe pas dans notre pays, une loi qui protège les non-fumeurs.» Elle souhaite en outre, que des amendes soient infligées aux personnes qui fument dans les espaces publics.
R.K