Une vingtaine d’interpellations dans les milieux islamistes radicaux en France, plus d’une semaine après la mort de Mohamed Merah
Le président sortant et candidat à sa propre succession, Nicolas Sarkozy, a annoncé hier l’interpellation de 19 personnes liées aux milieux islamistes.
Le président français sortant, Nicolas Sarkozy, a fait une comparaison assez macabre et surtout inappropriée entre un fait divers – dont les médias et les manipulations des candidats à l’élection présidentielle française, ont en fait une affaire d’Etat et de sécurité nationale – et les attentats terroristes du 11 septembre 2001.
Le «traumatisme» causé en France par les tueries de Toulouse et Montauban est «un peu» comparable à celui provoqué par les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, a estimé hier le président français, Nicolas Sarkozy qui en a ainsi rajouté une couche. «Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le traumatisme de Montauban et de Toulouse a été profond dans notre pays, un peu, je ne veux pas comparer les horreurs, un peu comme le traumatisme qui a suivi aux Etats-Unis et à New York l’affaire de septembre 2001, le 11 septembre», a déclaré M.Sarkozy sur la radio Europe1. Or, le seul point de comparaison entre les deux affaires, est leur instrumentalisation. La création et l’implantation d’un sentiment, général, d’insécurité parmi la population pour des desseins souvent inavoués.
Coïncidant avec les attentats du «World Trade Center» en septembre 2001, le spectre d’Al Qaîda a fortement joué en faveur du candidat Bush Junior qui a fondé la suite de sa carrière à la Maison-Blanche sur le volet sécuritaire en parlant de défense nationale «préventive», de guerre du bien contre le mal, et de la nécessité de venger les 3000 victimes de l’attentat (…). Le président français sortant joue la même carte.
En reproduisant le même scénario qui a permis la victoire de son homologue américain, Nicolas Sarkozy semble maîtriser la technique de la manipulation de la peur. Conclusion: c’est le sécuritaire qui le distinguera de ses rivaux dans cette dernière ligne droite de la campagne présidentielle.
La lutte contre le radicalisme islamiste est au coeur de la stratégie de campagne du président Nicolas Sarkozy. Hier matin, une vaste opération a été menée par les enquêteurs du contre-espionnage et pour certaines cibles avec l’appui de l’unité d’intervention des corps d’élite de la police nationale, le Raid – à Toulouse, Nantes, Lyon, en Provence et en région parisienne – a permis à la police, selon des sources proches de l’enquête, de procéder à une vingtaine d’interpellations dans les milieux islamistes radicaux en France, plus d’une semaine après la mort de Mohamed Merah.
Le coup de filet «n’est pas lié simplement à Toulouse, c’est sur tout le territoire, c’est en lien avec une forme d’islamisme radical et c’est en plein accord avec la justice», a expliqué Nicolas Sarkozy qui intervenait hier matin dans une émission de campagne électorale. Pour être plus exact, dix-neuf personnes, dont trois femmes, ont été interpellées. Selon une source judiciaire, dix-sept d’entre elles ont été placées en garde à vue. Ce vaste coup de filet n’est cependant «pas directement liée» à l’enquête sur les crimes de Merah, a expliqué une des sources. Il a pour but de «démanteler des filières», a-t-on ajouté sans plus de précision. «Il y aura d’ailleurs d’autres opérations qui continueront et qui nous permettront également d’expulser du territoire national un certain nombre de gens qui n’ont, au fond, rien à y faire», a ajouté Nicolas Sarkozy.
Des armes ont été saisies, notamment cinq fusils, des armes de poing, des tasers.
Selon un haut responsable de la police, «une centaine» d’islamistes radicaux sont dans le collimateur des autorités. «Ce sont des gens qui sur le Web (…) se réclamaient de l’islamisme et d’une idéologie extrémiste radicale, d’une idéologie de combat», a expliqué le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant.
La chasse aux islamistes est ouverte. La séquence liée aux tueries de Toulouse et Montauban a donné l’occasion au président sortant de cultiver sa stature présidentielle, selon les politologues. Mais à trop tirer sur les ficelles M.Sarkozy ne risque-t-il pas de les casser?