Lutte contre le commerce informel,Belkhadem fustige le gouvernement

Lutte contre le commerce informel,Belkhadem fustige le gouvernement
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Abdelaziz Belkhadem a déclaré qu’il faut plutôt lutter contre les «barons des conteneurs» et non contre les jeunes chômeurs qui exercent de petits commerces au noir.

La lutte contre le commerce informel divise le sommet de l’Etat. La volonté politique affichée et mise en application ces derniers mois, à travers l’intervention parfois musclée des services de sécurité pour chasser les commerçants anarchiques, ne figure plus parmi les priorités du gouvernement. C’est du moins ce que laisse entendre le ministre d’Etat et représentant personnel du président de la République intervenant avant-hier à la Radio nationale.

Abdelaziz Belkhadem a déclaré qu’il faut plutôt lutter contre les «barons des conteneurs» et non contre les jeunes chômeurs qui exercent de petits commerces au noir. Pour ces derniers – les trabendistes – l’Etat devrait «les encadrer et les organiser» au lieu de les pousser à la révolte, a soutenu en substance le ministre d’Etat. Une déclaration qui semble sonner le glas de l’opération de lutte contre l’informel, engagée par le gouvernement, notamment au niveau des grandes villes. D’ailleurs, on apprend que des commerçants au noir commencent à réinvestir bien des marchés illégaux éradiqués récemment, et ce, à la grande déception des vendeurs légaux qui ne cessent de se plaindre de la concurrence déloyale. Par ce relâchement annoncé, il est à craindre la recrudescence du phénomène, dans les prochaines semaines, encouragé par la marche arrière des pouvoirs publics. «La déclaration de Abdelaziz Belkhadem démontre que l’Etat est dans l’incapacité de faire face au marché anarchique», se plaint un épicier qui exerce légalement. Selon les chiffres avancés par l’Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), le nombre de commerçants qui activent dans les circuits informels dépasse 1 million de vendeurs, causant annuellement des pertes importantes au Trésor public. Le ministre du Commerce a, à plusieurs reprises, annoncé que les autorités sont en phase de construire des marchés de gros et de détail au niveau des communes et des agglomérations urbaines, pour mieux réguler et maîtriser l’activité commerciale.

Un projet qui semble prendre du temps, voir accuser du retard, avant d’être réellement concrétisé. C’est pourquoi, il est à affirmer que l’Etat, au moins dans l’immédiat, n’a pas les moyens de sa politique. Et pour preuve, il faut rappeler que les dernières émeutes ont été justifiées, entre autres, par la crainte des jeunes commerçants anarchiques de se voir priver de leur gagne-pain. Dans la commune de Bab El Oued, à Alger, l’étincelle ayant embrasé la capitale était une rumeur faisant état d’une décision d’interdire le marché informel. En conséquence, un mouvement de protestation qui s’est soldé par des affrontements, des blessés et des dégâts matériels inestimables.

L’on ne sait toujours pas comment va réagir le gouvernement quant à toutes ces donnes. Mais, ce dont on est sûr, c’est que les commerçants exerçant légalement sont les grands perdants dans cette situation. Le pire est que bien que les petites bourses s’approvisionnent plutôt dans les bazars informels dont les prix sont relativement moins chers, ces mêmes espaces illégaux demeurent toutefois hors du contrôle de l’Etat et à la merci des spéculateurs.