Lutte contre le chômage, stabilité nationale, corruption…: Ces discours qui ne mobilisent pas

Lutte contre le chômage, stabilité nationale, corruption…: Ces discours qui ne mobilisent pas

La campagne électorale est marquée, depuis son lancement le 9 avril, par le peu d’engouement des citoyens, sans doute las d’entendre les mêmes discours depuis plusieurs années.

En effet, les discours des années 1990 et même avant reviennent en force à l’occasion de cette campagne. Certains partis focalisent leurs interventions sur la préservation de la stabilité, la sécurité et l’unité nationale, la préservation des acquis démocratique, la lutte contre le chômage et le marché informel, la lutte contre la corruption…Pourquoi alors n’y a-t-il pas de renouvellement des discours politiques ?

Les animateurs de la scène politique actuelle qui sont en majorité les mêmes que ceux des années 1990 sont-ils incapables de faire évoluer leurs discours ? «Il y a une grande crise de discours politique», soutient le politologue Mohamed Taibi. Selon lui, il existe des chefs de partis qui n’ont rien à offrir comme discours politique à l’opinion, ce qui les contraint à rabâcher les mêmes discours qu’ils développent depuis plus de 20 ans pour certains. Notre interlocuteur évoque le manque d’imagination et de formation des candidats, faisant remarquer qu’il n’y a pas d’innovation en la matière. «se projeter dans l’avenir demande une culture politique», affirme M. Taibi. Alors, les Ahmed Ouyahia, Amara Benyounès, Djamel Ould Abbès, Louisa Hanoune, Abderrazak Makri, manquent-ils de culture politique pour rester figer dans des discours vieux de quelques décennies ? Les mots d’ordre sont presque les mêmes.

Pour sortir de la dépendance aux hydrocarbures, la majorité des partis plaident pour la diversification de l’économie nationale.

Une évidence. Mais ces partis ne donnent aucune substance à leurs propositions. En panne d’imagination, ils prônent des évidences avec des déclarations sans aucun contenu politique et claironnent les mêmes rhétoriques à longueur de semaines. Est-ce le fait que ce soit les mêmes personnes qui animent la scène politique depuis les années 1990 ?

Amara Benyounès, président du Mouvement populaire algérien (MPA), développe les mêmes idées qu’il défendait lorsqu’il était cadre du RCD. A croire qu’il n’a changé ni de camp ni de couleur. Un lourd héritage dont il serait difficile pour lui de se débarrasser. Par nostalgie pour le combat de ces années ? A quelques changements de position près, Benyounès continue d’appeler le peuple à faire montre de responsabilité et ne pas «suivre les pessimistes qui appellent à descendre dans la rue pour ternir l’image de l’Algérie ciblée de l’étranger».

Pourtant, personne, y compris les partis boycotteurs, n’a appelé les Algériens à manifester dans la rue. Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, reste sur ses gardes de toujours, peinant à renouveler son discours. Eradicateur assumé, il appelle toujours au soutien de l’armée et des services de sécurité pour préserver la stabilité du pays. Djamel Ould Abbès, patron du FLN, bourdonne les mêmes rengaines. Confondant le FLN historique et celui d’aujourd’hui, il répète partout où il passe qu’il faudrait voter en faveur de l’ex-parti unique par fidélité aux martyrs de la guerre d’Algérie.

Quant à Amar Ghoul, président de TAJ, il est incapable d’innover, en distribuant des promesses qui dépassent largement les attributions d’un parti politique candidat aux législatives. «Lorsque j’entends Amar Ghoul promettre à nouveau, je me retrouve immédiatement interpellé par ma mémoire qui garde intact le souvenir de ses promesses, alors ministre, de faire de Tizi Ouzou le plus grand pôle touristique d’Algérie», réagit un internaute de cette wilaya.

Ces discours nous rappellent la chanson selon laquelle l’Algérie est en voie de développement, entonnée depuis son indépendance. Elle en est toujours à ce stade alors que des pays qui étaient à son niveau dans les années 1970 sont aujourd’hui des pays émergents.

Il faut dire que ces discours ne mobilisent plus les foules et l’abstention risque d’être record le 4 mai prochain.