Dotés d’innovations techniques nécessaires à l’accomplissement de ses missions, ce nouvel hôpital disposera de 120 lits pour la chirurgie cancéreuse et 24 pour la chimiothérapie.
Un nouvel établissement privé, créé à Tizi Ouzou, pour s’intégrer dans le cadre du plan national de lutte contre le cancer initié par le président de la République, a été inauguré récemment à Tizi Ouzou. Bien que partielle, cette ouverture soulage déjà de nombreux patients. Ce nouvel établissement hospitalier a été baptisé au nom des chouhada de la famille Mahmoudi dont le père du propriétaire est mort les armes à la main sous les balles assassines de l’armée coloniale. « A travers cette baptisation, je rends hommage à mon père mais aussi à tous les martyrs qui ont sacrifié leur vie et leur famille pour faire de l’Algérie un pays indépendant » nous dira le Dr Mahmoudi que nous avons rencontré sur le perron de son établissement.
Un établissement qui a été réalisé comme un défi lancé par son promoteur. A l’instar de certains de ses confrères, il aurait pu se contenter de son cabinet de radiologie. Mais il a préféré se lancer dans une aventure « où quelque part je ne savais pas si elle allait aboutir tant j’étais malmené par les tracasseries administratives, notamment au début ». Fort heureusement, il a trouvé des hommes à l’image du directeur de l’ANDI de Tizi Ouzou, Smaïl Maskri « qui a été pour beaucoup dans la concrétisation de ce projet », a tenu à souligner Dr Mahmoudi qui a aussi rendu un vibrant hommage à son épouse « qui était à mes côtés dans ces moments difficiles que nous avions traversés ensemble pour que ce projet voit le jour ». Mais une fois le projet bien mûri et surtout la détermination de son porteur affichée, il trouvera un soutien de ses partenaires comme le ministère de la Santé qui a affiché son entière disponibilité. Le docteur Aïd Mahmoudi, également vice-président de la Société algérienne de radiologie et d’imagerie médicale (Sarim) nous fera le tour du propriétaire avec son collaborateur Dr Abdelkader Toutaoui, PHD en physique médicale, directeur de la physique et du laboratoire de la radioprotection, référent au CEA (Commissariat à l’énergie atomique).
équipements sophistiqués
Ce nouvel établissement comporte un centre intégré anticancer avec quatre blocs opératoires et des pôles diversifiés (oncologie, cardiovasculaire, consultations spécialisées, laboratoire avec un département de diagnostic optimisé, 2 IRM dont une de 3 teslas, 2 accélérateurs de radiothérapie …). C’est dire qu’il est doté d’équipements de pointe. « Ce sont des équipements ce qu’il y a de mieux dans le monde pour le traitement des cancers », précisera Dr Mahmoudi. Ces appareils sont manipulés par des spécialistes formés en Algérie et perfectionnés au cours de stages à l’étranger (USA, France, Suède). Le docteur Mahmoudi nous a indiqué que même la maintenance de ces équipements sera assurée par des ingénieurs algériens formés par les fournisseurs eux-mêmes. « L’hôpital n’a pas à être otage de la petite panne que seul le fournisseur pourrait réparer. Les malades n’ont pas à attendre le bon vouloir de X ou de Y ». D’ailleurs pour assurer la continuité de la formationn l’hôpital dispose aussi d’une salle de conférences pour les séminaires et rencontres scientifiques.
Fonctionnement
Dotés d’innovations techniques nécessaires à l’accomplissement de ses missions, ce nouvel hôpital disposera de 120 lits pour la chirurgie cancéreuse et 24 pour la chimiothérapie. Ainsi, sa gestion technique est centralisée avec un réseau informatique pour assurer une parfaite transmission l’information médicale. « Le fichier du malade ne sera plus trimballé d’un service à un autre. Toutes les données du patient sont mémorisées, il suffit d’un clic pour que le médecin ait devant ses yeux toutes les caractéristiques du sujet à traiter. Il pourra même faire l’objet d’une consultation à distance avec un médecin à l’étranger pour un avis médical », nous dira Dr Mahmoudi. Comme les flux de circulation intérieure sont optimisés dans les bâtiments avec notamment la gestion en parallèle et séparée de la circulation des malades, de celle des visiteurs et de celles liées à la logistique. La structure est dotée de 4 ascenseurs dont 2 pour le transport du malade alité. Mieux, la totalité des examens de diagnostic, de traitement et de suivi se trouvant sur place, « il n’y a plus d’errance » des malades entre plusieurs prestataires et unités de soins.
Aussi pour les évacuations d’urgence, Dr Mahmoudi a prévu dans son plan un héliport qui se trouve sur la terrasse de l’immeuble. C’est dire qu’il s’agit d’un hôpital au standing de ce qui se fait de mieux dans le monde. Par ailleurs, Dr Mahmoudi nous dira que ces équipements peuvent assurer 1.100 consultations par mois ou pour le traitement, qui est lourd à raison de 25 séances par malade en radiothérapie. A l’effet de sécuriser et les équipements et les populations riveraines, les équipements utilisant de l’énergie nucléaire à l’image du cyclotron sont installés dans de véritables bunkers et au sous-sol de l’hôpital avec des murs en béton couverts de plomb de 2,5 m de largeur et enfouis aussi sous une dalle de 2,5 mètres de béton. « Je peux lésiner sur tout, mais jamais sur la sécurité des patients », précisera Dr Mahmoudi.
Comme chacun le sait, la médecine moderne est excessivement onéreuse. A titre indicatif, certains traitements ne sont pas loin de 1.000 euros la séance à l’étranger. Mais Dr Mahmoudi n’est pas trop regardant sur les tarifs. « Si c’est pour m’enrichir, je n’aurai pas fait cet hôpital qui est un investissement très lourd », soulignera Dr Mahmoudi. Les prix pratiqués par Dr Mahmoudi sont trois fois moins chers que ceux pratiqués au Maroc ou en Tunisie. Comme il ne manquera pas aussi de mettre en relief les moyens d’investigation, de traitement et de suivi existants au niveau l’hôpital chahid Mahmoudi permettent d’importantes économies pour le malade et la collectivité, « dans la mesure où la sûreté du diagnostic, la précision du traitement et l’exclusion des erreurs dans les dosages permettent une totale prise en charge efficace. »
Le diagnostic précoce pour réduire les coûts
Le diagnostic et le dépistage précoces constituent l’autre préoccupation majeure de cet hôpital du fait que ses équipements le permettent. « Le diagnostic précoce nous permet de diviser par 20 ou 30 fois la facture », soulignera Dr Mahmoudi qui nous fera aussi savoir qu’un de ses appareils ne détecte pas seulement les cellules cancéreuses, il est aussi capable de diagnostiquer l’infarctus du myocarde.
Enfin, Dr Mahmoudi veut faire de cet hôpital une référence en Afrique. D’ailleurs, il a reçu il y a quelques semaines le ministre de la Santé du Burkina Faso qui a été émerveillé par ce qu’il a vu et a même promis « de faire de Tizi Ouzou la destination pour tous les transferts médicaux de son pays dans le traitement des cancers ». Pour rester dans ce chapitre de prise en charge des malades, Dr Mahmoudi compte voir avec un promoteur immobilier qui dispose d’un immeuble pas loin de l’hôpital pour louer des chambres à l’effet d’accueillir les patients venus de loin pour leurs séances de radiothérapie. Il est à noter que pour l’heure, seule la section de radiothérapie est opérationnelle. Une ouverture partielle à la demande du ministre de la Santé pour atténuer quelque peu la pression sur les centres de radiothérapie du centre du pays qui font face à une très forte demande.
R. H.