Présenté comme l’approche la plus efficace et la plus appropriée pour la prévention et la lutte contre le cancer du sein, le programme national dénommé « Dépistage organisé » a été officiellement lancé au début du mois en cours à partir de Biskra.
C’est le Pr Bendib, président de la Conférence nationale des doyens des facultés de médecine, qui l’a annoncé à l’ouverture des 2es Journées de formation continue de cancérologie (JFCC), organisée au siège de l’APW de Tizi Ouzou par la Société algérienne de formation continue en collaboration avec la faculté de médecine de l’UMMTO et des associations médicales de la wilaya de Tizi Ouzou. Initiée dans le cadre du plan national cancer, cette opération a eu l’aval du ministère de la Santé qui l’a validée par la signature d’un décret récemment promulgué.
Sa mise en œuvre est confiée, essentiellement, aux équipes pluridisciplinaires du CPCM d’Alger, avec l’implication des intervenants du secteur médical au niveau local. Lancé de façon expérimentale, puisqu’il concerne, dans un premier temps, un groupe de wilayas, ce programme sera élargi, progressivement, à l’ensemble du territoire national, annoncera le Pr Bendib. Cette approche de la prise en charge et de la lutte contre le cancer du sein (et de toutes les maladies cancéreuses) par le diagnostic et le dépistage précoce a été au centre des débats des 2es JFCC de Tizi Ouzou.
Un cancer diagnostiqué et dépisté à temps revient à 60 millions de centimes par an. Une approche qui a le double avantage de constituer un espoir de guérison pour le patient et un coût économique moindre au Trésor public. Selon le Pr Kamel Bouzid, président de la Société algérienne d’oncologie médicale, la prise en charge d’un patient dont la maladie cancéreuse a atteint un stade invasif et métastasique, coûte un milliard de centimes/an au Trésor public, alors qu’un cancer diagnostiqué et dépisté à temps revient à 60 millions de centimes par an et par patient. Le Pr Abdelhamid Salah Laouer, président de la Société algérienne de la formation continue en cancérologie, a fait un véritable plaidoyer en faveur de cette méthode de lutte et de prévention du cancer du sein, basée sur le diagnostic et le dépistage précoce.
« Lorsque le cancer du sein est dépisté à un stade précoce, et si des traitements appropriés sont disponibles, il y a de fortes chances qu’il puisse être soigné et guéri. Et s’il est dépisté tardivement, il est fréquent que le traitement curatif ne soit plus possible, et c’est justement ce qui caractérise le cancer du sein en Algérie, c’est-à-dire l’atteinte de la femme jeune comparativement à la femme occidentale avec un diagnostic souvent tardif, c’est-à-dire au stade métastasique où, malheureusement, il n’y aura à proposer que des soins palliatifs », fera observer le Pr Salah Laouer, mettant en cause dans cette situation « l’absence d’informations sur le dépistage et sa généralisation à l’ensemble du territoire national, et surtout, à un diagnostic au stade tardif de la maladie, en raison d’une insuffisance dans la formation des professionnels de la santé d’une part, et de l’anarchie dans la prise en charge et de l’accès aux soins, d’autre part. »
Mise à niveau de tous les professionnels de la santé
Et de préconiser que cette situation « peut changer radicalement si des programmes de santé publique appropriés sont mis en place, et surtout de bien les appliquer, d’autant plus que l’Algérie dispose d’un plan national cancer et d’une loi sanitaire qui sont des outils institutionnels qui permettent aux professionnels de la santé de travailler dans un cadre organisé et avoir des actions coordonnées avec des objectifs à atteindre à court, moyen et long termes pour lutter efficacement contre le cancer.»
L’efficacité de la méthode passe aussi, selon le président de la Société algérienne de formation continue en oncologie, par « la mise à niveau de tous les professionnels de la santé (médecins, paramédicaux, oncopsychologues, personnels de l’administration, etc. Cette mise à niveau passe par une formation continue, un partage des expériences et le travail en réseau ». La promotion de la prévention qui doit aller en direction des personnes cibles et de la population en général font partie des préconisations du Pr Ahmed Salah Laouer qui insiste sur la vulgarisation de l’information sur les facteurs de risque et les biens du dépistage.