Les médias communiquent beaucoup -et c’est tant mieux- sur le cancer du sein. Aujourd’hui, on peut dire que les Algériennes sont assez bien informées sur les dangers d’un tel cancer et surtout sur la nécessité de le détecter au plus tôt, pour avoir un maximum de chances de le vaincre. Pour cela, elles sont sensibilisées sur les outils qu’elles ont à leur disposition pour pratiquer une surveillance régulière, c’est-à-dire l’auto- palpation et l’échographie de contrôle. Il existe pourtant un autre cancer, tout aussi dévastateur pour les femmes mais dont l’on parle beaucoup moins, c’est le cancer du col de l’utérus.
Le cancer du col de l’utérus est dû à l’action du HPV (papilloma virus) dont certains sous-groupes sont hautement cancérigènes. Ce virus est transmissible d’un individu à l’autre par le biais de rapports sexuels non protégés. C’est ce qui fait que le cancer du col de l’utérus est actuellement considéré comme une maladie sexuellement transmissible grave, le virus contaminant les femmes par le biais de leurs partenaires masculins qui sont vecteurs.
De nombreux facteurs peuvent favoriser la contamination par ce virus. Les plus importants d’entre eux sont :
• premières activités sexuelles précoces pour les femmes du fait de l’immaturité du tissu cervical à cette période de la vie et donc de sa plus grande vulnérabilité par rapport aux différentes agressions;
• grossesses multiples et avortements multiples, surtout non médicalisés;
• multiplication des partenaires;
• rapports sexuels non protégés;
• tabagisme.
Beaucoup de femmes se croient à l’abri de ce type de cancers considéré comme une MST (elles pensent à tort être l’unique partenaire sexuelle de leur conjoint). Elles négligent donc de procéder au dépistage, ce qui les pénalise lourdement.
Qui doit bénéficier du dépistage du cancer du col de l’utérus ?
Toutes les femmes qui ont une activité sexuelle doivent penser à demander un frottis du col utérin, y compris :
• les femmes enceintes : le frottis n’interfère pas avec la grossesse et n’expose à aucun risque particulier. En cas de lésion suspecte, une colposcopie peut être effectuée et l’accouchement pourra avoir lieu par césarienne. Le traitement attendra par contre l’accouchement dans la majorité des cas.
• les femmes ménopausées : la ménopause entraîne des modifications du climat hormonal qui induisent une atrophie de la muqueuse qui recouvre le vagin et le col de l’utérus. C’est pourquoi un traitement hormonal est souvent nécessaire avant un frottis. La ménopause ne protège pas contre le cancer du col et ne dispense donc pas de la surveillance et du dépistage par FCV.
• les femmes qui ont subi une hystérectomie, certaines zones du vagin pouvant toujours être sensibles au virus HPV.
Comment se passe le dépistage des cancers du col de l’utérus ?
Le dépistage des cancers du col de l’utérus s’appuie sur le frottis cervico-utérin. Cette technique consiste en un prélèvement de cellules du revêtement du col de l’utérus. C’est un geste simple, rapide, totalement indolore mais qui nécessite une préparation préalable.
Il permet de diagnostiquer :
1. des lésions dont on sait que l’évolution spontanée se fait à plus ou moins long terme vers un cancer.
2. des cancers à des stades infra-cliniques, qui ne se sont pas encore manifestés.
Le frottis, proprement dit, se pratique à l’aide d’une petite spatule de bois et d’une petite brosse appelée cytobrush à l’aide desquelles on racle le col utérin afin d’en recueillir des cellules. Les cellules ainsi recueillies sont étalées sur des lames et fixées avant d’être colorées et analysées au microscope.
Le frottis cervico-utérin se pratique en dehors de la période des règles et des périodes hémorragiques. Dans les 48 heures qui précèdent le prélèvement :
• pas de toilette intime à l’eau savonneuse
• ne pas utiliser d’ovules ou de comprimés gynécologiques, de même que des crèmes spermicides
• s’abstenir de rapports sexuels
Les frottis cervico-utérin ultérieurs se feront selon une séquence que votre médecin établira sur la base des résultats obtenus au premier examen.
Et la vaccination contre le virus HPV ?
Un vaccin, mis au point par les laboratoires Merck et Sanofi-Pasteur-MSD, a vu le jour dans le cadre de la lutte contre les infections à HPV. Il s’agit de Gardasil, qui s’est avéré très efficace lors des différents essais cliniques qui ont mené à sa validation et à son autorisation de mise sur le marché.
Il présente l’avantage de protéger efficacement contre les virus HPV 1, et contre 18 virus responsables de près des deux tiers des cancers du col de l’utérus. De même, il protège contre les virus HPV 6 et 11 à l’origine d’infections de la femme jeune. Cependant, il ne protège pas contre les cancers du col causés par les virus non contenus dans le vaccin, et qui sont dans une proportion de plus de 25%.
Son utilisation est facile et les effets secondaires négligeables et passagers. Il s’agit d’administrer trois doses de ce vaccin sur une période qui s’étale sur six à douze mois et qui s’achève idéalement avant toute activité sexuelle (source de contamination). En effet, la vaccination d’une femme déjà porteuse d’un HPV oncogène n’est efficace que contre les virus qu’elle ne porte pas.
Ainsi, la vaccination contre le HPV est vivement recommandée mais ne doit pas faire négliger la surveillance clinique et les frottis de dépistage qui doivent être effectués conformément au protocole en vigueur car, pour le moment, le vaccin n’est pas largement accessible sur le marché algérien.
L’essentiel à retenir
• Le cancer du col de l’utérus est une maladie qui concerne uniquement les femmes mais qui peut être transmise par les hommes : c’est une maladie sexuellement transmissible.
• Il constitue l’un des cancers féminins les plus fréquents.
• Diagnostiqué à un stade précoce, c’est un cancer dont on guérit dans la plupart des cas.
• Toutes les femmes qui ont une activité sexuelle et quel que soit leur âge y sont exposées.
• Le dépistage des lésions précancéreuses est facile, peu coûteux et permet un traitement efficace et peu mutilant.
• Même les femmes qui ont subi une hystérectomie doivent bénéficier de frottis vaginaux
Les bons gestes pour réduire les risques
Il n’est pas toujours facile de se prémunir contre la survenue d’un cancer, alors lorsque cela est possible, il est inconcevable de ne pas le faire.
Le cancer du col étant une maladie sexuellement transmissible, ne pas hésiter à utiliser des préservatifs lors des rapports susceptibles d’être contaminants. Le frottis de dépistage reste le meilleur moyen d’éviter la survenue du cancer du col de l’utérus.
La vaccination contre ce virus pourra, dans un avenir proche, se faire dans notre pays grâce à l’action conjointe du Ministère de la Santé et de l’OMS.