Le plan de lutte prévoit notamment la mobilisation de 10 000 agents, la création de brigades mixtes et la mise à disposition d’un numéro vert.
Le ministre du Commerce par intérim, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé, jeudi, une nouvelle stratégie pour réguler le marché et lutter contre la hausse des prix. Cette stratégie se base sur le travail de terrain à travers la forte présence d’agents de contrôle commercial.
“Nous ne permettrons pas aux commerçants spéculateurs et fraudeurs de récupérer les taxes et impôts pris en charge par l’État dans le cadre des subventions pour les mettre dans leurs poches”, a souligné, en outre, le ministre, avant d’ajouter : “Nous prendrons les mesures nécessaires pour lutter contre le phénomène de la hausse des prix, même s’il faut recourir à la justice.” En marge d’un séminaire national sur le contrôle économique organisé par le ministère du Commerce, il a assuré que toutes les mesures seront prises en coordination avec les différents secteurs et instances concernés sur le terrain pour faire face aux spéculateurs.
C’est dans ce cadre qu’intervient l’accord portant création de brigades mixtes de contrôle commercial signé jeudi entre le ministère du Commerce et le ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche.
Ces brigades mixtes de contrôle commercial seront bientôt opérationnelles au titre de la stratégie de lutte contre la fraude, la spéculation et la flambée des prix, a précisé M. Tebboune. Ce dernier a fait savoir qu’outre ces brigades et 10 000 agents relevant du ministère du Commerce, d’autres brigades de contrôle seront mises sur pied entre ce ministère et d’autres secteurs, tels la santé, les finances, les douanes et les impôts.
Aussi, un numéro vert national sera lancé à partir du 15 avril pour permettre aux citoyens de signaler les infractions ou hausses injustifiées des prix, a indiqué le ministre par intérim du Commerce, précisant que les communications des citoyens seraient orientées vers le centre régional le plus proche, avant l’intervention immédiate d’une équipe de contrôle mobilisée à cet effet. Ladite équipe prendra ensuite les mesures nécessaires contre le commerçant contrevenant, soit en dressant un procès-verbal soit en procédant à la fermeture du local ou la soumission du dossier à la justice.
A priori, ces mesures radicales témoignent bien d’une volonté du gouvernement de venir à bout du phénomène de la spéculation. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à prendre l’exemple des opérations coup-de-poing menées par la Gendarmerie nationale à l’encontre des propriétaires de chambres froides, voire même des agriculteurs, coupables de spéculation sur la pomme de terre. Autant d’actions qui ont été confortées par des opérations massives de déstockage et d’annonces d’ouverture de points de vente directe aux consommateurs à travers le pays.
Mais la question qui se pose à trait à l’opportunité de ces mesures, dans une conjoncture où le mal s’est sensiblement enraciné, aidé en cela par un désengagement brutal de l’état de la sphère économique. Le “réveil” du gouvernement nous amène à nous demander s’il s’agit d’actions qui s’inscriront dans la durée ou si ces dernières relèvent du conjoncturel, d’autant qu’elles interviennent à la veille d’importants rendez-vous politiques.