En marge des festivités célébrant la Décennie des déserts et de la lutte contre la désertification 2012-2020 proclamée en 2009 par les Nations unies sur proposition de l’Algérie, qui s’est tenue les 15 et 17 décembre au Fort de Tinerkourt, Timimoun, Luc Gnacadja a abordé les enjeux liés à la prévention et à la gestion des phénomènes de la désertification et de la pauvreté.
La Décennie des déserts, consiste en quoi exactement ?
La Décennie des Nations unies 2012-2020, Décennie des déserts et la lutte contre la désertification, est justement une occasion pour tous les gouvernements de travailler ensemble en mobilisant les ressources, sensibiliser les populations et de coopérer davantage.
D’une manière générale, la question de la désertification et celle de la durabilité du désert sont très spécifiques, en ce sens où les déserts sont des patrimoines à préserver pour éviter leur dégradation. Pour cela, il faudrait qu’à la fois les gouvernements au niveau local, national et international s’accordent pour travailler ensemble. Car dans le cas contraire, et si nous continuons à l’ignorer, la sécurité alimentaire aux niveaux local et global ne sera jamais atteinte et la pauvreté ne sera jamais réduite. C’est aussi un problème de sécurité en lui-même, comme on a vu le risque de l’insécurité s’accroître dans un certain nombre de régions arides dans le monde, telles les régions du Sahel et du Sahara.
Beaucoup disent que la désertification est un problème des régions du Sud
L’erreur de perception est que beaucoup pense que la désertification est un problème des pays du Sud. En réalité, partout où nous perdons des sols, c’est une ressource commune que nous perdons. Mieux, chaque fois qu’une terre se dégrade, c’est notre capacité à s’adapter aux changements climatiques qui s’amenuise. Donc la lutte contre ce phénomène n’est pas uniquement le défi des populations qui vivent dans les zones sèches. C’est un défi commun qui appelle impérativement à plus de coopération et à un changement de mentalité, d’où la Décennie pour accroître cette sensibilité.
Qu’en est-il du financement du programme mondial pour la lutte contre la désertification ?
La pierre ne doit pas uniquement être jetée dans le camp des pays développés pour financer la lutte contre la désertification et la pauvreté. Les pays concernés doivent eux aussi faire le pas dans ce sens. La Décennie des déserts et la lutte contre la désertification appelle justement à une coopération à travers laquelle tous les gouvernements doivent, en premier lieu, élaborer des programmes ciblés pour investir dans les zones arides. Ces programmes d’investissement doivent systématiquement être intégrés dans les plans nationaux de lutte contre la pauvreté et de sécurité alimentaire. Deuxièmement, il faut aussi que les populations soient au cœur de ces programmes, que ce soit avec et pour elles qu’on investisse. En dernier, il faudra que la communauté internationale coopère, notamment les pays développés, dans le cadre des différentes conventions, à travers le transfert des technologies et celui des ressources financières. Sachant que la crise financière dans les pays développés est une occasion à ne pas rater pour mieux investir. L’Afrique doit compter sur elle-même dans sa lutte contre la désertification et celle de la pauvreté. L’idée que l’aide doit venir d’ailleurs est complètement erronée.
Qu’a-t-il été décidé sur le plan africain ?
Plusieurs actions ont été initiées, à l’exemple du programme de l’Union africaine (UA) pour investir davantage dans l’agriculture, notamment dans les zones vulnérables qui courent un risque de dégradation. Il faut savoir qu’en Afrique, si on n’inverse pas la tendance de dégradation que l’on observe actuellement, elle pourrait perdre à l’horizon 2025 deux tiers de ses terres. Ce qui serait un risque majeur pour le continent vu qu’il est le continent où la population croît le plus dans le monde, et où la sécurité alimentaire reste encore un défi. L’année dernière, l’Afrique a importé pour 33 milliards de dollars de denrées alimentaires.
C’est plus que l’Afrique n’a reçu d’aide au développement alors que les ressources en terre sont là pour qu’elle puisse se suffire en matière alimentaire. Les programmes nationaux et régionaux sont en place et connaissent un début d’investissement dont il faut accélérer le mouvement.
Par Lynda Naili Bourebrab