Les services de la sûreté de la wilaya d’Alger ont organisé, hier, une journée de sensibilisation sur les dangers de la drogue. La brigade de police spécialisée dans la lutte contre les fléaux sociaux a présenté les statistiques relatives à ce phénomène et exposé la logistique utilisée par la police scientifique.
Lle chef de la Sûreté de la wilaya d’Alger, le commissaire divisionnaire Noureddine Berrachdi, a expliqué, hier, les effets néfastes de la drogue, tout en mettant en exergue les efforts consentis par les services de la police pour lutter contre les dealers appuyant ses dires par des chiffres concernant les saisies de drogue. Selon lui, durant la période s’étalant de janvier à mai 2013, 138 toxicomanes se sont présentés au niveau des cellules spécialisées de la sûreté de la wilaya d’Alger en vue de « décrocher ». Parmi eux, 66 ont été orientés alors que 227 ont bénéficié d’une prise en charge.
En somme, dira-t il, les actions des services de police se sont soldées, durant la même période, par la saisie de 62 kg de résine de cannabis et 21.172 comprimés psychotropes ainsi que des drogues dures dont 5 grammes d’héroïne, 29,6 grammes de cocaïne pure, 5 grammes de morphine et 55 injections.
Tout en mettant l’accent sur la conjugaison des efforts de tous pour combattre ce fléau, le représentant de la police a lancé un appel aux jeunes et particulièrement aux familles, pour collaborer avec les services de l’ordre les exhortant à ne pas hésiter à dénoncer tout délit concernant la commercialisation de drogue dans leur quartier ou alentour.
Les spécialistes ont également évoqué les méthodes et les moyens de lutte contre la drogue dans les différents milieux. Dans ce contexte, une équipe de cynophiles a fait ses preuves sur un circuit fermé et aménagé à proximité de la Grand-Poste. Ainsi, une quantité de drogue dissimulée à l’intérieur d’un véhicule a été retrouvé grâce à un chien renifleur.
Selon le commissaire divisionnaire Berrachdi, les campagnes de sensibilisation sont stratégiques en matière d’information y compris pour la localisation des dealers. « Cela implique aussi la participation du corps médical, des écoles, de la mosquée ainsi que du mouvement associatif et de la société civile », dira-t-il. Evoquant la lutte engagée par ses services et le constat établi sur le terrain, il a révélé que « pour le moment, la situation est maîtrisable et nous sommes en mesure d’y faire face avec les moyens dont nous disposons.
Nous sommes déterminés à atténuer un tant soit peu la consommation de cannabis qui est flagrante comparativement à la consommation de drogues dures qui est pour l’heure discrète », a-t-il ajouté. A ce titre, il a annoncé la mise en place, dans le cadre de la saison estivale, d’une nouvelle unité civile qui travaille sur le flagrant délit. Cette démarche s’inscrit, selon lui, dans le cadre du slogan de la sûreté de la wilaya d’Alger « Non pour un avenir inconnu, non pour la drogue ».
3% des filles « accrocs » M. Abdelkrim Abidat, président des Associations de sauvegarde de la jeunesse (ASJ), a souligné que l’Algérie célèbre la Journée mondiale de lutte contre la drogue pour éveiller les jeunes et les pousser pour une prise de conscience. Selon lui, la sensibilisation des jeunes toxicomanes pour investir les Samu scolaire et les psycho-bus appartenant à la DGSN est une expérience pilote dans le Bassin méditerranéen. « Il s’agit d’aller vers les jeunes et leur tendre la main », dira-t-il. Selon lui, ces infrastructures ambulantes ont une équipe composée de médecins, psychologues, sociologues et d’éducateurs qui sont à la disposition du patient notamment des parents pour les aider et les orienter. « Les dealers utilisent tous les subterfuges pour accrocher les élèves à la drogue. La dernière trouvaille est la petite boîte de bonbons tic tac vidée de son contenu et remplie de comprimés psychotropes », dira M. Abidat. « Quelques jours après, le consommateur devient accro et cherchera par tous les moyens sa dose quotidienne », a-t-il ajouté. Le même responsable a avancé le chiffre de 300.000 consommateurs de drogue recensés à l’échelle nationale par son institution durant le premier semestre de l’année en cours. Selon lui, les sujets sont âgés de 15 à 30 ans dont 3 % sont des filles.
Tout en se félicitant du travail accompli par les 1.000 éducateurs que compte son association, il précise que 1.295 toxicomanes ont été pris en charge au centre de soins thérapeutiques de Mohammadia durant les cinq derniers mois. Selon M. Abidat, la démission parentale, la déperdition scolaire, la rupture des jeunes avec l’ordre social et l’oisiveté sont les principaux facteurs qui poussent le jeune à consommer de la drogue.
Rym Harhoura