Lutte contre la cybercriminalité : 35 affaires devant la justice et 88 personnes poursuivies

Lutte contre la cybercriminalité : 35 affaires devant la justice et 88 personnes poursuivies

Les pirates sont dans leur majorité des jeunes dont l’âge varie entre 25 et 30 ans et 99% d’entre eux ont des connaissances en informatique (techniciens ou étudiants) et 84% des hackers connaissent leurs victimes.

Outre le défi de la vulgarisation d’Internet, l’Algérie doit faire face, en même temps, au risque de la cybercriminalité. Durant les cinq dernières années, le graphique des poursuites judiciaires va crescendo. Pour le premier trimestre 2010, le nombre de délits enregistrés est de 35 contre 1 seul en 2005.

Le nombre de personnes poursuivies est de 88 pour 2010 contre zéro en 2005. Les délits commis par les pirates touchent essentiellement l’accès illégal avec destruction de données, le passe-temps favori des hackers puisque cela représente 34% des poursuites judiciaires enregistrées en 2005. Cette “spécialité” est suivie de près par l’accès illégal avec 29% et l’introduction de fausses informations avec 21%.

Avec des taux moins importants, la détention des données par l’introduction illégale est estimée entre 5% et 8% des délits commis portant sur la commercialisation de données piratées dans l’objectif de l’utiliser à des fins criminelles et 3% des infractions commises concernent la publication de photos pornographiques d’enfants. Les pirates sont dans leur majorité des jeunes dont l’âge varie entre 25 et 30 ans et 99% d’entre eux ont des connaissances en informatique (techniciens ou étudiants).

84% des hackers connaissent leurs victimes. Pour ce qui est des mobiles des crimes, 65% sont commis à des fins financières. La vengeance, avec 15%, vient en seconde position, puis les desseins de piratage et la curiosité avec 5%.

Les victimes idéales des pirateries sont, pour la majorité des hackers, les administrations et les entreprises publiques.

De 2005 à 2010, 21 affaires ont été traitées par la justice, soit 60% des attaques. Les entreprises privées viennent en seconde position avec 7 cas, soit 20%, les entreprises privées étrangères sont concernées à hauteur de 11% et, en dernier lieu, viennent les instances internationales avec 6% des attaques. Ces chiffres ont été fournis hier par Mokhtar Lakhdari, directeur des affaires pénales et des grâces au ministère de la Justice, lors du séminaire international sur la lutte contre la cybercriminalité, organisé par le Centre de recherche juridique et judiciaire (CRJJ), à l’Hôtel Sheraton, à Alger.

Le directeur du CRJJ, Djamel Bouzertini, dira que “l’Algérie est plus dans la prévention que dans la lutte. Car à ce jour, nous n’avons pas le haut débit ; la cybercriminalité n’est par conséquent pas vraiment développée”.

En Algérie, les attaques des hackers ciblent, entre autres, des sites web algériens, et concernent aussi la propagande subversive et terroriste, le vol d’informations, l’atteinte à la vie privée. Pour plus d’efficacité, le CRJJ a procédé à la formation de 50 juges dans la spécialité et s’apprête à se doter prochainement d’un office national pour la lutte contre la cybercriminalité.

Le séminaire qui prendra fin aujourd’hui a pour objectif la coordination entre les différentes institutions impliquées dans la lutte contre la cybercriminalité. Ainsi, le séminaire a vu la participation d’un représentant d’Interpol, des experts américains, français et britanniques.

L’autre objectif de cette rencontre est de permettre une utilisation sécurisée de l’Internet par l’enseignement des techniques performantes d’enquête, ce qui est aussi le but de la loi 04-09 dans la lutte contre le cyber-terrorisme, ou le contrôle des réseaux sociaux tels que Facebook ou You Tube.

À cet effet, le directeur du CRJJ a souligné que les réseaux sociaux tissés entre les internautes regorgent de renseignements privés qui peuvent être utilisés à des fins malintentionnées par des cyber-délinquants.

“La lutte contre ce genre particulier

de délinquance est une action que les services de sécurité algériens prennent en charge dans le cadre de la lutte contre la cybercriminalité.”

DJAZIA SAFTA