Le besoin de l’Algérie en services de test, de certification et d’évaluation de la conformité est de l’ordre de 200 laboratoires alors qu’elle en dispose à peine d’une cinquantaine, a estimé Noureddine Boudissa, DG d’Algerac, organisme algérien accréditeur de ce genre de laboratoires.
Noureddine Boudissa, qui a présenté le système d’accréditation en Algérie lors des 2es journées Marque & Contrefaçon organisées par RH International Communication et ouvertes hier à l’hôtel El-Aurassi, a noté que ce besoin s’étend à tous les domaines, bâtiment, matériaux de construction, médicaments, agriculture, etc. Ainsi, a-t-il ajouté, les produits algériens ne sont ni protégés (appellation d’origine) ni certifiés et ne peuvent conquérir les marchés internationaux. Le DG d’Algerac, qui a indiqué que l’État est en train de les mettre en place, a appelé plutôt à faire un effort pour accélérer la cadence en la matière.
Ces journées consacrées à la contrefaçon qui s’achèvent aujourd’hui, et dont les communications brossent une panoplie de thèmes liés au phénomène et à la manière de les combattre, ont vu les représentants de plusieurs institutions intervenir. Le représentant du ministère du Commerce, Mimoun Bouras, DG du contrôle économique et de la répression des fraudes, a plaidé en faveur de la mise en place de synergies entre les actions des institutions de contrôle et les propriétaires des marques victimes de contrefaçon. “Le fabricant d’appareillages électriques BMS Electric m’a montré que l’authenticité de ses produits est vérifiable suivant un moyen très simple. Pour procéder à cette vérification, il utilise un briquet. Je vais d’ailleurs suggérer cela à nos agents de contrôle”, s’est-il félicité. Les produits BMS ont une forte teneur en fibre de verre et ne brûlent pas aussi facilement.
Mimoun Bouras, pour qui la contrefaçon tue l’innovation et engendre d’importantes pertes d’emploi et de richesses, a souligné les retombées de certaines mesures prises par le ministère du Commerce dans le cadre de la lutte contre la contrefaçon comme l’exigence du document attestant de l’enregistrement de la marque aux importateurs des produits cosmétiques. “Cette mesure a fait baisser l’entrée des produits cosmétiques contrefaits. Nous allons bientôt l’étendre à d’autres produits”, a-t-il annoncé.
Les chiffres donnés par le représentant des Douanes algériennes, l’inspecteur divisionnaire Mokrane Hennoun, contredisent néanmoins le constat de Mimoun Bouras quant à la baisse des importations des produits cosmétiques contrefaits. Selon Mokrane Hennoun, les Douanes algériennes ont retenu un peu plus de 585 000 articles contrefaits en 2014, dont 60% sont des produits cosmétiques. Et de préciser encore que 16% sont des articles de sport, 11% constituent un seul produit agroalimentaire, 6% des pièces de rechange, 5% d’appareils électroménagers et 2% d’appareils électroniques. Le représentant des douanes a expliqué que les articles retenus ne sont pas forcément saisis. “Nous invitons le détenteur de la marque à porter plainte et nous retenons ces articles comme preuve en attendant la fin de la procédure judiciaire. S’il ne dépose pas plainte, nous sommes obligés de les libérer.” Avant d’appeler les détenteurs des marques touchées par le phénomène à plus de coopération avec son institution, “nous leur disons : aidez-nous à vous aider.” En lisant les chiffres communiqués, Mokrane Hennoun a rappelé qu’il y a dix ans, c’étaient les pièces détachées qui représentaient le gros des articles saisis. “Les mesures imposées par l’État aux concessionnaires en matière de service après-vente ont aidé à réduire le volume des pièces contrefaites importées”, a-t-il analysé. En tout cas, les quantités saisies ne constituent pas un indicateur fiable sur l’ampleur du phénomène. À titre d’exemple, l’entreprise algérienne BMS, qui fabrique les appareillages et accessoires électriques, perd 20% de parts de marchés annuels à cause de la contrefaçon de ses produits. BMS Electric, qui a introduit 30 plaintes auprès de la justice depuis 2005 dont 70% ont été déjà tranchées en sa faveur — les autres attendent d’être jugées —, s’est même dotée d’une brigade interne composée de 12 agents qui sillonnent le pays afin de rechercher d’éventuels produits contrefaits. Les contrefacteurs qui ne peuvent plus introduire des articles estampillés de son logo, imitent désormais ses modèles sous d’autres labels. Son directeur de marketing, Abderazak Allali, présent à ces journées tenues à l’hôtel El-Aurassi, a néanmoins assuré que les produits qui circulent sur le marché sous le label BMS sont authentiques parce que les contrefacteurs ne l’utilisent plus à cause des contrôles aux frontières.
L.H.