Lutte contre le financement du terrorisme: adoption à Paris d’une déclaration finale

Lutte contre le financement du terrorisme: adoption à Paris d’une déclaration finale

 La conférence internationale de lutte contre le financement du terrorisme « No money for terror » a pris fin jeudi avec l’adoption d’une déclaration finale dans laquelle les 72 Etats et les 20 organisations internationales se sont engagés sur 10 mesures et décisions.

Les travaux, auxquels a pris part le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, ont été clôturés par l’allocution du président français Emmanuel Macron qui a appelé, dans son discours, les participants internationaux à « mieux coopérer » pour priver les mouvements terroristes de fonds et de moyens d’opérer.

« Nos ennemis s’infiltrent au cœur de nos sociétés. Ils utilisent toutes les formes contemporaines de financement », a-t-il dit, proposant de « franchir une nouvelle étape » dans la lutte contre le terrorisme.

Participant en tant que panéliste sur la thématique « lutter contre la criminalité organisée pour assécher le financement du terrorisme », le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a indiqué que cette rencontre intervient dans un contexte international « marqué par un constat partagé sur le rôle déterminant joué par l’argent dans le développement et le renforcement des groupes terroristes et de leurs activités criminelles ».

A cet effet, il a exposé les conclusions de la Conférence d’Alger sur la lutte contre le financement du terrorisme, organisée les 9 et 10 avril conjointement par l’Algérie et l’Union africaine.

Cette réunion, a-t-il rappelé, a été tenue au titre de la haute mission de Coordonnateur de la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme en Afrique confiée au président de la République, Abdelaziz Bouteflika par ses Pairs africains. Comme elle intervenait, a-t-il ajouté, en application d’une décision en ce sens du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et donne effet à l’un des sept axes de l’action future de l’Afrique telle que proposée par le Président Bouteflika dans le mémorandum qu’il a soumis à ses pairs.

Tout en relevant l’importance de la lutte contre le financement du terrorisme, le chef de la diplomatie algérienne a souligné que le terrorisme se finance en puisant dans de nombreux créneaux du crime organisé, citant entre autres le commerce et d’autres activités lucratives, les prélèvements caritatifs, la contrebande d’armes, de biens et de monnaie, le trafic de drogues, la traite des êtres humains, l’exploitation de la migration illégale, etc.

Le ministre des Affaires étrangères a souligné, dans ce cadre, que l’Algérie, consciente de la menace que représente le terrorisme pour la sécurité et la stabilité des Etats ainsi que pour la paix et la sécurité internationales, est « résolument engagée » dans la lutte contre le financement de ce fléau, en devenant partie à la Convention des Nations unies pour la répression du financement du terrorisme et aux principaux instruments internationaux de lutte contre ce fléau mis en place sous l’égide de l’ONU et des institutions de Bretton Woods, notamment.

Il a fait savoir que la législation algérienne est conforme aux recommandations du GAFI (Groupe d’action financière) et aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, ajoutant que l’Algérie, en tant que membre du groupe Egmont (réseau international informel d’intelligence financière), participe « activement » à ses travaux.

Il a souligné ainsi que cette mobilisation des institutions financières algériennes contre toutes les sources potentielles de financement du terrorisme participe de la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme, laquelle est marquée par le maintien d’un haut niveau de vigilance dans les différents domaines d’activités tant à l’intérieur du pays que sur ses frontières, particulièrement avec les pays les plus touchés par ce fléau.

C’est dans cet ordre d’idées qu’il a fait observer que le contexte actuel est marqué par la « persistance » de la menace terroriste, en dépit des reculs enregistrés ces derniers temps, notamment en Syrie et en Irak, rappelant que les attentats survenus durant l’année écoulée « montrent qu’aucun pays et pratiquement aucune région du monde n’en est à l’abri ».

Au sujet du retour des combattants terroristes étrangers vers leurs pays d’origine ou leur déplacement vers d’autres zones de conflits, le ministre a expliqué que « les dernières indications établissent que ces combattants terroristes étrangers sont originaires de plus de 120 pays, c’est dire l’extension de l’espace potentiel de leurs activités criminelles ».

Mettant en garde contre le changement du mode opératoire des groupes terroristes qui « relativisent la perte de territoires par un plus grand recours à Internet, au Darknet et aux plateformes cryptées, par le redéploiement des forces sur des zones de conflits ou des zones caractérisées, tel le Sahel et toute la bande sahélo-saharienne, par l’immensité des territoires, la porosité des frontières, la faiblesse des moyens des pays de la région, la pauvreté et des taux élevés de chômage parmi les jeunes ».