Lutte antiterroriste,Tunisiens et Libyens coordonnent leur action

Lutte antiterroriste,Tunisiens et Libyens coordonnent leur action

Beaucoup d’armes sont entre les mains des terroristes

Les armes héritées des stocks d’El Gueddafi et le terrorisme au Sahel continuent de menacer la stabilité du Maghreb.

La Tunisie post-Benali et la nouvelle Libye débarrassée de la Jamahiriya, deux pays qui partagent une longue frontière, se regardent enfin en face et s’apprêtent à s’asseoir autour de la même table pour discuter de tous les problèmes engendrés par la révolution du Jasmin et l’insurrection armée de Benghazi. A ce niveau, Tunisiens et Libyens ont grand intérêt à ne pas perdre de vue leur grand voisin algérien, qui s’est investi à leur porter assistance, un geste salué par la communauté internationale. La visite officielle de deux jours du chef du gouvernement libyen, arrivé jeudi à Tunis, répond au souci exprimé par les deux pays en matière de sécurité. Si en ce qui concerne la Tunisie, le parti au pouvoir fort de son succès électoral est arrivé avec plus ou moins de bonheur à imposer sa volonté malgré quelques dérapages, en Libye, la situation est nettement plus compliquée dans un pays rongé par le tribalisme. Si au pays de Rached Ghannouchi, l’éminence grise de l’islamisme tunisien, l’homme fort du moment, on craint plutôt le réveil du banditisme et du crime organisé, aidés par une situation économique et sociale aggravée, dans l’ex-Jamahiriya, c’est tout le pays qui se trouve doublement menacé par l’éclatement et la guerre civile. Le rapprochement entre Tunis et Tripoli est ainsi vu des deux côtés de la frontière comme une solution pouvant ramener la stabilité chez l’un et l’autre. Et c’est dans cette optique que les nouveaux régimes dominés par les islamistes ont l’intention de travailler en coordination.

Les Tunisiens voient en la Libye un pays potentiellement riche qui pourrait leur fournir une solution radicale au problème de chômage dont souffrent particulièrement les populations du sud du pays, et les Libyens espèrent tirer profit du savoir-faire tunisien en matière d’organisation et de gestion sécuritaires. En théorie, les deux pays n’arrêtent pas d’exprimer leurs intentions d’approfondir leurs relations dans tous les domaines. Mais, en réalité, les deux parties sont conscientes des différents obstacles qui se dressent devant une telle perspective.

La Tunisie est-elle en mesure d’apporter une aide efficace à la Libye? Rached Ghannouchi réussira-t-il à avoir une ascendance morale sur les islamistes libyens considérés comme assez proches du courant salafiste? Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la réponse à ces questions réside plutôt dans la capacité des Libyens à nettoyer d’abord le pays des énormes quantités d’armes encore en circulation et à faire revenir les milices armées à de «meilleure sentiments». Il va sans dire que les prochaines élections libyennes constituent une étape cruciale qui aura des retombées directes non seulement sur les relations entre les deux pays mais sur l’ensemble de la situation au Maghreb. Bien que la coopération entre la Tunisie et la Libye dans le domaine économique et sécuritaire a été au centre d’entretiens jeudi soir à Tunis entre le chef du gouvernement provisoire tunisien, Hamadi Jebali, et son homologue libyen, Abderrahim El-Kib, on n’est pas encore en mesure de tirer des conclusions sur cette initiative. Il n’en demeure pas moins que les deux pays sont décidés à rendre crédible cette coopération.