Un peu à l’écart des préoccupations politiques saillantes, la situation sécuritaire s’est réappropriée sa part d’intérêt à l’occasion de la présentation de la déclaration de politique générale du gouvernement à l’Assemblée populaire nationale (APN). Sur le terrain, la nuisance terroriste a considérablement décliné.
Sofiane Aït-Iflis – Alger (Le Soir) – Même si la situation sécuritaire est manifestement apaisée, la paix n’est pas pour autant totalement revenue. Faute de convaincre d’une paix recouvrée, le gouvernement s’est remis à parler un langage plutôt proche de la réalité que des déclarations excessivement triomphalistes. Ceci même si cette mise en phase du discours politique avec la réalité du terrain souffre encore de quelques discordances.
En effet, quasi-simultanément, deux voix tout ce qu’il y a d’officiel se sont exprimées sur la situation sécuritaire. L’une, jadis éradicatrice avérée, a rappelé que la politique de la main tendue à l’endroit des «égarés» reste toujours de vigueur. L’autre, qui n’a pas pour habitude de dégainer le laïus à tout bout de champ, a affirmé la possibilité de réarmer les Patriotes là où c’est nécessaire.
La première voix à avoir évoqué la situation sécuritaire est celle du Premier ministre Ahmed Ouyahia qui, le 21 octobre dernier, devant les députés, a rappelé que la politique de la main tendue à l’endroit des terroristes reste de mise. Cette affirmation fait valoir, il est évident, une extrapolation des dispositions de la loi portant charte pour la paix et la réconciliation nationale. Mais elle renferme aussi l’aveu de ce que les maquis terroristes ne sont pas totalement dégarnis. Si l’Etat maintient sa main tendue, c’est qu’il subsiste encore des espoirs d’«accueillir» des repentis. Ceci pendant que l’autre voix, celle du ministre de l’Intérieur et des Collectivité locales, Dahou Ould Kablia, suggère, elle, de «cueillir» les terroristes encore en activité. C’est à cela que renvoie son évocation de la possibilité de réarmer les citoyens là où la situation et l’impératif sécuritaire l’exigent.
Au moins à quelques égards, cette déclaration prétend à un retour au tout sécuritaire, une option longtemps de mise avant que les mœurs en la matière n’évoluent sous le président Bouteflika pour aménager de larges autoroutes à la réconciliation nationale. Il y a quelques jours, Abderrahmane Belayat, qui reste une voix prépondérante au sein du Front de libération nationale, exprimait une vision proche de celle du ministre de l’Intérieur.
Sur les ondes de la Radio Chaîne III, il a insisté pour dire que le terrorisme est défait, certes, mais que le danger est loin d’être écarté. Belayat a même, et c’est singulier chez un responsable du FLN, préconisé l’éradication totale du terrorisme.
Contrairement à un Ouyahia qui s’est interdit d’afficher une quelconque inquiétude à propos de la situation sécuritaire, Belayat a, lui, averti contre le risque de résurgence du terrorisme, du moins au niveau local. Dans les régions du centre du pays, en Kabylie notamment, le terrorisme poursuit en effet d’encore sévir. Avec d’immenses difficultés à le faire, cependant, du fait des coups que l’action combinée des forces de sécurité n’en finit pas de lui asséner.
S. A. I.