La coopération algéro-américaine, en matière de lutte antiterroriste, vient de franchir un nouveau pas avec la tenue de la première réunion du groupe de contact bilatéral de coopération de la lutte antiterroriste et les questions de sécurité connexes.
Le coordonnateur de la lutte antiterroriste au département d’État, Daniel Benjamin, s’est livré, hier, aux journalistes à l’issue de sa visite de deux jours, au cours de laquelle il avait rencontré le conseiller du président de la République, Kamal Rezzag Bara, et le ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel.
De prime abord, le responsable américain a rappelé le rôle joué par l’Algérie dans la lutte antiterroriste et a loué les efforts consentis par l’Algérie pour rétablir la paix et la stabilité. “L’Algérie n’est plus ce qu’elle était il y a quinze ans”. Tout comme il a tenu à remercier le gouvernement algérien pour avoir aidé à la sortie du territoire libyen de citoyens américains.
Entrant dans le vif du sujet, Daniel Benjamin reconnaîtra que les évènements en cours dans le monde arabe inquiètent les Américains et les Algériens, dans la mesure où ils peuvent avoir des conséquences graves. “Les groupes terroristes pourraient en profiter pour acheter et acheminer des armes.” Il estime que les terroristes “ne vont pas rester les bras croisés”. C’est pourquoi tous les moyens sont mis en œuvre pour surveiller leurs déplacements, leurs communications afin d’éviter qu’ils profitent de la situation pour s’armer davantage. Même s’il avoue que, pendant ces évènements, il n’y a pas eu de démonstration de force de la part des groupes armés, il estime que la situation au Sahel demeure préoccupante. Tout en restant “vigilant” par rapport à la situation qui prévaut dans la région, il a tenu à saluer le changement démocratique en Mauritanie et a espéré que le Niger puisse suivre la même voie.
Pour ce qui concerne la situation en Algérie, Daniel Benjamin s’est borné à rappeler les positions déjà exprimées par le président Obama et le secrétaire Burns, saluant les mesures prises par le gouvernement algérien et appelant à plus d’ouverture démocratique et à plus de liberté d’expression et de réunions. Mais il martèlera : “C’est aux Algériens de décider de leur avenir”, tout en plaidant pour un dialogue pacifique avec le gouvernement.
Revenant à la situation en Libye, Daniel Benjamin ne croit pas aux accusations portées par le colonel Kadhafi contre les groupes appartenant à Al-Qaïda. Pour lui, ce sont les aspirations du peuple libyen qui se sont exprimées.
Estimant que le déploiement des forces armées américaines près des côtes libyennes avait un but humanitaire, pour évacuer les civils et apporter des aides humanitaires, excluant une volonté d’intervention militaire, dans ce pays, tout comme il nie la volonté de son pays d’établir des bases militaires en Afrique, mais précise que les forces américaines dans la région sont “en stand by”.
Tout en indiquant n’avoir pas évoqué la question d’une intervention militaire en Libye avec ses homologues algériens, il rappellera la position traditionnelle de l’Algérie hostile à ce genre d’intervention. Il niera également le rôle attribué à son pays dans le “printemps arabe”, estimant que l’initiative du Grand Moyen-Orient (GMO) appartenait au passé. “C’est une initiative de l’ancienne administration” et nie une relation entre cette initiative et facebook qui, selon lui, est une technologie qui s’est développée dans le monde libre. Toutefois, il louera les mérites de cette technologie et en veut pour preuve ce qui s’est passé à la place Tahrir au Caire. Il reconnaîtra que les États-Unis d’Amérique ont apporté, par le passé, une assistance aux sociétés civiles.
Enfin, et concernant la montée de l’islamisme politique, à la faveur des évènements qui secouent le monde arabe, à l’image du mouvement Nahda en Tunisie, ou des Frères musulmans en Égypte, Daniel Benjamin dira que “les USA sont prêts à coopérer avec n’importe quel groupe non violent”, à condition de respecter la démocratie et les droits de l’Homme.