Lutte antiterroriste : Les enseignements de l’opération de Mizrana

Lutte antiterroriste : Les enseignements de l’opération de Mizrana
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Le massif forestier est l’un des endroits que les soldats de l’ANP ont décidé d’investir ces derniers jours.

Depuis un peu plus d’une dizaine d’années, cette forêt, qui, comme un livre ouvert, domine deux villes côtières, Tigzirt à l’est et Dellys à l’ouest, était devenue un sanctuaire pour les groupes terroristes. Près d’une vingtaine de villages sont situés sur les franges de cette immense forêt. Les terroristes n’hésitaient pas à venir se ravitailler dans certains d’entre eux. Ils prenaient juste soin d’éviter ceux où sont apparus les groupes de GLD.

La caractéristique principale du terrorisme dans cette région maritime est que la plupart des terroristes provenaient de Dellys, Sidi Daoud et Baghlia. Dans les années où l’ex-FIS avait pignon sur rue, ce parti avait raflé les mairies de cette région agricole. Mais leurs méfaits touchaient toute la région.

On se rappelle notamment de Mourad Mesrour alias Laaouar. Il avait assassiné de sang froid un policier dans un faux barrage à la sortie de Tigzirt. Cet émir avait fini par être blessé et capturé en mai 2009 dans un champ près de Draa Ben Khedda. Il a été condamné en juillet dernier à la peine capitale. Au pire, dans la daïra de Tigzirt, on a toujours suspecté des connexions via le banditisme ou peut-être un manque de vigilance. Toutefois, aucun terroriste n’est recensé. Le seul et l’unique fut un ex-étudiant de l’université islamique. Il a été tué lors d’une opération militaire au milieu des années 90 près de Tizi Ouzou. Longtemps, les terroristes se déplaçaient à l’aise.

LG Algérie

Les faux barrages étaient fréquents sur les routes et de nombreux attentats furent commis. Les pouvoirs publics avaient installé quelques cantonnements dans la région. Les civils qui ravitaillaient ceux-ci furent à deux ou trois reprises la cible de bombes. On a incendié les camions. Le chef du cantonnement d’Agouni Gueghrane en fut une des victimes lorsqu’une moto avait été piégée. C’était un jeu de cache-cache qui a duré des années.

Les ratissages se succédaient et si les terroristes ont perdu beaucoup de leurs forces, continuant à se manifester par intermittence. On enregistra du vol de bétail, des descentes nocturnes dans des bars.

Il semblait que la tactique qui consistait à attendre l’enenemi a montré ses limites. Certes, quelques barrages de la gendarmerie, épaulée par la garde communale, ont été dressés notamment au carrefour stratégique de la crête. Cela ne limitait que peu les déplacements des terroristes surtout de nuit. Depuis près d’une année, une approche dans la lutte antiterroriste a été adoptée. Un commando plus mobile, qui utilise des moyens de locomotion banalisés, a porté des coups sévères aux derniers groupes la forêt.

« Ce sont eux qui désormais traquent les terroristes et rien ne les distingue du simple citoyen sinon la rapidité dans l’action ». En juin dernier, pas moins de sept terroristes furent éliminés à Tala Toghrast. A l’apparition du terrorisme, ce village avait souffert de nombreuses incursions. Peu l’avant le déclenchement de l’actuelle opération dont on parle tant, un événement capital est survenu à Tibcharine, deux kilomètres plus bas. Nous sommes dans la région à cheval entre les wilayas de Tizi Ouzou et Boumerdès. La surveillance d’une voiture qui devait ravitailler les terroristes près du village Alma Bamane a été fructueuse. L’opération a été menée sans que ses trois occupants se rendent compte qu’ils étaient pris en filature. Parmi les terroristes abattus, l’un d’eux n’était pas fiché.

Des recoupements avec l’opération qui s’était soldée par l’elimintation de l’émir Nouh près des Issers et le contenu des documents retrouvés sur les corps ont révélé la tenue du conclave qui mobilise depuis une semaine des moyens humains et exceptionnels. La population de la région a renoué avec une vie paisible. Les citoyens circulent la nuit. Durant le mois de Ramadhan de cette année, le port de Tigzirt était le lieu de ralliement de centaines de personnes.

Certes, la vigilance est toujours de mise et des actes de désespoir peuvent survenir. Il sera de plus en difficile pour les terroristes de se mouvoir comme avant. L’effet de surprise ne peut plus jouer. Les militaires ont multiplié les embuscades de nuit, exercent une réelle et permanente surveillance sur les routes et les crêtes. De nouvelles méthodes pour ravitailler les cantonnements ont été introduites pour parer à toute surprise.

Les militaires sont partout et ne laissent surtout plus l’initiative de l’action pour les derniers terroristes. A en croire un repenti, il ne serait plus qu’une vingtaine dans la région. Les résultats de cette nouvelle approche parlent d’eux-mêmes. 22 terroristes ont été tués lors de l’opération de Tala Toghrast. Deux gardes communaux ont péri lors d’un attentat à la bombe près d’Aït Iftene.