Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a répondu hier aux députés de l’Assemblée populaire nationale (APN) au sujet de la déclaration de politique générale présentée le 21 octobre.
La déclaration couvre un bilan d’activité de 18 mois, soit l’année 2009 et le premier semestre de l’année 2010.
Cette période coïncide avec la fin du programme quinquennal 2005-2009 et le lancement du second (2010-2014). Quelque 193 députés sont intervenus lors de la séance-débat pour poser des questions, exprimer des préoccupations et émettre des remarques ou avancer des propositions.
C’est ainsi que le Premier ministre a annoncé qu’un programme riche est en cours dans le secteur de l’énergie qui comportera la recherche et l’exploration des zones maritimes alors qu’un tiers de la surface du pays reste dans le besoin de prospection. Pour ce faire, le gouvernement est en passe d’arrêter un programme sur les énergies nouvelles et renouvelables.

Ahmed Ouyahia précisera que l’agriculture de montagne reste l’un des soucis du gouvernement, dont la politique consiste à renforcer la campagne de plantation des massifs montagneux en arbres fruitiers, surtout les oliviers.
En ce qui concerne les grands projets du président de la République, le premier responsable de l’exécutif annonce que les travaux du métro d’Alger sont arrivés à leur fin. Alors que d’aucuns s’interrogent sur le pourquoi de sa non mise en service, Ouyahia dira que compte tenu des nouvelles normes internationales auxquelles l’Algérie doit se conformer suite à la catastrophe survenue dans le tunnel du Mont Blanc, la mise en service
du Metro d’Alger a pris un peu de retard mais elle interviendra au cours de l’année 2011. En ce qui concerne l’autoroute Est-Ouest, le Premier ministre répondra aux députés que le tronçon
Constantine-El Tarf n’a pas été mis en service parce que cette partie de l’Autoroute passe par Djebel El Ouahch où des tunnels difficiles restent à réaliser, en sus des ponts qui devront être construits dans la région lacustre d’El Taref. En ce qui concerne l’équipement de l’autoroute Est-Ouest, Ouyahia annoncera que 42 stations-service seront réalisées le long du tracé avant 2012.
Encourager le logement rural
Par ailleurs, abordant le volet logement, le chef de l’exécutif a expliqué que le gouvernement a toujours encouragé le logement rural. Le programme en cours permettra de limiter l’exode des habitants vers les grandes villes. C’est ainsi qu’en comparant les chiffres, le Premier ministre précisera qu’entre 1999 et 2004, seuls 160 000 logements ruraux ont été réalisés alors que dans le plan quinquennal actuel, il est prévu pas moins de 700 000 unités.
Abordant le manque d’effectifs d’encadrement dans les wilayas du sud du pays, le chef de l’exécutif posera une question de taille : «Pourquoi les diplômés algériens refusent d’aller travailler dans les wilayas du Sud tout en restant chômeurs dans le Nord ?» A propos du manque de spécialistes à l’échelle nationale, Ouyahia annoncera que pas moins de 11 000 spécialistes en médecine seront formés dans les cinq années à venir.
Revenant sur le dossier de la ville de Boughezoul, le Premier ministre dira que cette cité sera construite, mais qu’elle ne sera jamais la capitale.
Tout au plus, elle sera un carrefour important entre les wilayas du nord et celles du sud du pays et servira de relais stratégique ferroviaire, du fait que les lignes de chemin de fer devant relier la frontière Est à celle de l’Ouest, en passant par les Hauts-Plateaux, transitent par cet endroit. A propos des lignes ferroviaires, Ouyahia a précisé que le rail ira jusqu’à In Salah, Timimoun, puis Adrar pour faire la jonction avec Béchar.
Dans son intervention, le chef de l’exécutif a tenu à lever le voile sur les informations qui ont fait état, ces derniers temps, de l’interdiction d’atterrissage aux aéronefs algériens dans les aéroports européens à partir de novembre. M. Ouyahia a démenti cette rumeur, précisant que les avions d’Air Algérie sont conformes aux normes, la plupart étant d’acquisition récente.
Par ailleurs, concernant l’affaire du programme du Pnud destiné à la wilaya de Tizi Ouzou, soi-disant bloqué par le gouvernement, M. Ouyahia dira en direction des députés RCD que «ce programme ne concerne pas seulement la wilaya de Tizi Ouzou mais aussi trois autres wilayas».
Il a précisé que «les deux tiers de ce programme seront financés par le gouvernement algérien, ce qui signifie que la contribution de l’ONU sera évaluée à seulement un million de dollars, soit 29 fois moins que le budget alloué à la seule wilaya de Tizi Ouzou, puisque l’enveloppe financière de l’Etat pour la wilaya est estimée à 29 millions de dollars».
Dilapidation des deniers publics
Par ailleurs, Ahmed Ouyahia a affirmé que l’Etat algérien renforcera les instruments et mécanismes de contrôle et de répression en matière de lutte contre la corruption et la dilapidation des deniers publics. Ouyahia a souligné que ces mécanismes portent sur la formation et la qualification
des cadres chargés de la gestion des deniers publics et la désignation, au niveau de chaque commune, de contrôleurs financiers, de magistrats et d’experts auprès des ministères pour examiner les marchés publics. A cet effet, une instruction a été donnée à toutes les entreprises publiques pour recourir aux services de cabinets d’avocats, a-t-il annoncé. Selon M. Ouyahia, la lutte contre la corruption ne doit en aucun cas être un simple discours, elle doit se traduire par des actes.
En ce qui concerne la prise en charge des cancéreux, le chef de l’exécutif annoncera qu’un plan d’urgence a été mis en place par le gouvernement qui se traduira par la réalisation de 16 centres pour le traitement de cette maladie. Parlant de la médecine gratuite, le premier ministre évoquera la polémique qui s’est installée quant à la remise en cause de cette politique
à travers la contractualisation des soins dans les hôpitaux publics. Ouyahia a déclaré que la gratuité des soins ne sera en aucun cas remise en cause, tout en précisant que la carte de la CNAS doit être de mise. C’est ainsi que le premier ministre fera un appel pour les employeurs privés afin d’assurer leurs travailleurs, pour que ceux-ci ne tombent pas dans la difficulté en cas de maladie.
Par Khaled Haddag