lus de 21 millions d’algériens appelés à choisir aujourd’hui leurs élus locaux La nuit de tous les doutes

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PSi les pronostics donnent, une fois de plus, le FLN largement gagnant à cause de certaines dispositions contenues dans la nouvelle loi organique portant régime électoral, force est de relever que l’enjeu véritable de ce scrutin réside dans le taux de participation tant le désintérêt citoyen est apparu évident pour tous.

Cela paraît d’autant plus clair que le département de Daho Ould Kablia a carrément décidé d’autoriser le vote sur simple présentation d’une carte d’identité nationale ou d’un passeport.



Partis politiques, candidats et agents préposés à l’organisation de ces élections locales ont certainement vécu, hier, leur nuit la plus longue. Mais aussi celle de tous les doutes.

Alors que la campagne électorale a été officiellement clôturée, lundi passé, et que l’ensemble des leaders politiques ont présenté une pâle figure d’eux-mêmes, une sorte de campagne souterraine s’est poursuivi à travers la diffusion de tracts dénonçant les frasques de tel ou tel candidat, mais aussi les affrontements à couteaux tirés (sans jeux de mots, aucuns) entre les camps d’adversaires en apparence inconciliables.

Ces évènements, incidents et délations sordides se déroulent face à une population passée, petit à petit, du stade de l’étonnement à celui du désintérêt total, en passant par celui de l’indécision.

Voilà pourquoi le risque est grand d’assister à un taux de participation particulièrement faible, ce qui serait en soi catastrophique pour la jeune expérience démocratique algérienne, et même pour les réformes politiques initiées par le président Bouteflika dans la foulée du (faux) printemps arabe.

Cette crainte est d’autant plus justifiée qu’il est de tradition que des élections locales drainent la foule des grands jours, tant elles intéressent au plus haut point le vécu quotidien du citoyen.

Or, la manière aphone avec laquelle la campagne électorale s’est déroulée, a toutes les chances d’éloigner les citoyens du chemin des urnes. Ajouter à cela , les agréments accordés à l’emporte- pièce par le département ministériel de Daho Ould Kablia à une vingtaine de partis, sans la moindre emprise sur le terrain, contribuant, ainsi, à parasiter le débat et à blaser l’électeur. Le choix des candidats, avec ce fameux et risible quota de femme s’est, lui aussi, déroulé dans des conditions discutables.

Louisa Hanoune, documents à l’appui, a accusé un certain parti politique d’avoir présenté des dealers, avant de produire devant le public le casier judiciaire du tête de liste APW, dans une wilaya donnée, portant 11 jugements. De quelle manière tout ce beau monde a-t-il pu échapper aux mailles des services compétents d’Ould Kablia ? Mystère.

Ce dernier a-t-il eu raison de prédire un taux de participation oscillant entre 40 et 45 % ? Même si cela devait être le cas, force serait de dire que celui-ci devra être jugé trop faible, compte tenu du fait qu’il s’agirait du même que celui qui avait été enregistré à la faveur des élections législatives du 10 mai passé lui était similaire.

La moyenne algérienne, en ce qui concerne les élections locales, si l’on excepte la période du parti unique, donne un taux de participation supérieur à 70 % de l’électorat.

IL SERA PERMIS DE VOTER EN PRÉSENTANT SON PASSEPORT

Voilà pourquoi, sans doute, les pouvoirs publics, à quelques heures du début du scrutin, ont multiplié les initiatives afin de faire venir voter le maximum de citoyens possible.

C’est ainsi que le directeur général des libertés publiques et des affaires juridiques, au niveau du ministère de l’Intérieur, Mohamed Talbi, a annoncé que les citoyens pourraient voter sur simple présentation de la carte d’identité nationale, ou même le passeport, ce qui est, quand même, inédit dans les annales politiques de l’Algérie.

Intervenant sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale,Talbi a indiqué que même sans détenir une carte d’électeur, le passeport est «valable, au même titre que la carte d’identité nationale», expliquant que le celui-ci était «un document officiel, et plus important à nos yeux par rapport à la carte nationale d’identité, parce que le passeport est délivré après enquête».

De pareils propos, pour justes qu’ils soient, n’en trahissent pas moins la peur-panique des pouvoirs publics à l’approche de la date fatidique. Sinon, comment expliquer que ce même passeport soit refusé par toutes les administrations et institutions financières, quand il s’agit de justifier son identité ou bien de retirer de l’argent ?

Concernant les corps constitués, il a rappelé que la loi offre quatre possibilités pour l’inscription sur les listes électorales : résidence occupée depuis six mois, commune du dernier domicile, commune de naissance ou commune de l’un des ascendants.

«S’agissant d’un scrutin de proximité, les membres des corps constitués ont tout intérêt à voter dans leur commune de naissance pour ne pas influencer anormalement l’élection d’un président d’APC dans une commune donnée. Le premier bilan provisoire que nous avons fait des procurations s’élève à 80 000.

La majorité de ces procurations est établie à la faveur des éléments de l’ANP. Ils pourront donc voter par procuration dans leur commune d’origine », a-t-il souligné. Mohamed Talbi a également précisé que le nombre des personnes chargées de l’encadrement du vote s’élève à 800 000.

Il est toutefois resté évasif sur la question de savoir s’il sera ou non demandé aux électeurs de prendre les bulletins des 52 partis participants avant d’aller à l’isoloir.

Wassim Benrabah