Le président de l’association scientifique et culturelle de Khenchela Tayeb Djalal a saisi l’occasion de l’ouverture d’une journée d’étude sur la reine berbère des Aurès, Kahina à Tizi Ouzou pour interpeller les plus haute autorités du pays afin de réhabiliter cette femme qui était aux commandes de la région des Chaouias pendant plus de 35 ans.
Il a ainsi revendiqué la classification de cette femme légende comme patrimoine historique universel, enseigner son histoire à l’école Algérienne et ériger une stèle à sa mémoire à Alger. Tayeb Djalal demande que soit mis fin à cette injustice frappée d’oubli qui frappe une page glorieuse du combat de la femme Algérienne en reconnaissant et reconsidérant la bravoure de Dyhia.
La reine des Aurès a été longtemps ignorée dans son propre pays car de nombreux historiens pour leur majorité des arabes ont surnommé cette femme, fer de lance de la résistance populaire durant la période de la fin du 7ème jusqu’au début du 8 ème siecle de l’ère chrétienne, la Kahina c’est-à-dire » prêtresse, devineresse « . Ce surnom par lequel elle est désigné au motif qu’elle serait de confession tantôt juive tantôt chrétienne voire même païenne. Ce qui explique en partie les raisons qu’aujourd’hui cette reine Berbère de son vrai nom Dyhia (belle gazelle) fille de Matiya ben Tifan ou encore Damya fille de Yunafiq reste méconnue, par le peuple auquel elle avait appartenue, dans sa grand majorité, voire même citée en mauvais exemple pour des considérations religieuses.
Brève histoire de Kahina
La conquête de l’Afrique du Nord est décidée par le chef de la dynastie omeyade, Muawiya Ier. À l’aube de l’invasion, l’unité politique et administrative de la Berbérie orientale et centrale (les Aurès, actuellement à l’est de l’Algérie et à l’ouest de la Tunisie) était en grande partie réalisée par Kusayla, chef de la résistance à la Conquête musulmane du Maghreb (règne de 660 à 686). Kusayla, qui combat les troupes arbes et les défait Oqba, général de l’armée des Omeyades qui sera tué à la bataille de Tahouda. En 686, il sera tué à son tour au cours d’une bataille durant la deuxième invasion arabe, dirigée par Zohaïr ibn Qaïs.
À son décès en 686, Dihya prend la tête de la résistance. Elle était issue de la tribu des Djerawa, une tribu berbère zénète (de Zénata) de Numidie, selon les chroniqueurs en langue arabe au Moyen Âge. Fille unique, elle aurait été élue ou nommée par sa tribu après la mort de son père. Dihya procéda à l’appel de nombreuses tribus de l’Afrique du Nord orientale et du Sud pour déclencher la guerre contre les Omeyades.
Elle défait par deux fois la grande armée des Omeyyades grâce à l’apport des cavaliers des Banou Ifren.
Elle règne sur tout l’Ifriqiya pendant cinq ans. Vaincue en 693 par Hassan Ibn en N’uman dans la dernière bataille contre les Omeyyades, elle se réfugie dans l’Amphithéâtre d’El Jem. Elle est enfin faite prisonnière, puis décapitée au lieudit Bir El Kahina. Les chefs de l’armée Omeyades envoient sa tête en trophée au calife Abd al-Malik en Syrie9.
Dihya sera la seule femme de l’histoire à combattre l’empire omeyyade. Les Omeyyades demandent aux Zénètes de leur fournir douze mille combattants pour la conquête de l’Andalousie comme condition à la cessation de la guerre.
L’intervention de Musa ben Nusayr règle le problème avec les Berbères en nommant Tariq ibn Ziyad à la tête de l’armée zénète et des autres Berbères12. Son fils devient gouverneur de la région des Aurès.
Une statue à l’effigie de Kahina a été élevée à Khenchela en 2003