L’urgence d’agir

L’urgence d’agir

Le phénomène des enlèvements d’enfants a pris de telles proportions ces dernières années qu’il a créé chez les parents d’enfants scolarisés une psychose nationale. D’où le désolant quotidien spectacle de pères et de mères d’enfants agglutinés devant les écoles aux heures de sorties.

En face de ces criminelles agressions, les familles ne trouvent aucune solution en dehors de leur propre sacrifice devant l’absence de l’État, censé logiquement prendre en charge ce genre de préoccupations. Laxisme ? Peut-être, étant donné qu’il n’y a aucun dispositif, juridique ou sécuritaire, encore moins une vision pour faire face à ce type de violence. Et l’on sait que même un débat parlementaire a été rejeté faute de “respect des formalités” alors que la société est “assignée”, à son corps défendant, à subir la perversité d’énergumènes, souvent produits de l’école qui, depuis des années, est réduite à un simple appareil idéologique au service du pouvoir.

À telle enseigne que personne n’est à l’abri de la violence qui s’est érigée en “mode de vie en société” et que le rôle des services de sécurité est réduit à celui de pompier appelé pour éteindre l’incendie.

Ainsi, après une génération “abreuvée” aux faits héroïques des intégristes dont les suppôts théoriques ont gangrené l’école, une génération traumatisée par une décennie d’horreur qui s’est attaquée à l’élite pour décapiter le pays, et nécessitant, fondamentalement, une globale thérapie de groupe, voilà que surgit une autre forme de violence qui cible la nouvelle génération… dès la maternelle. Comme si le pays était condamné par “un destin sanguinaire” à évoluer dans le cercle vicieux de la violence que nos dirigeants sont visiblement incapables de juguler, tout en doutant de la capacité de la société de s’en charger, selon ses modes séculaires de gestion des conflits.

Si l’on continue ainsi à ne pas voir l’urgence d’agir, le pire est à craindre. Que l’on ne s’étonne alors plus devant l’ampleur du phénomène du kidnapping, de l’enlèvement des enfants particulièrement, de la résurgence des systèmes de défense familiaux ou communautaires, lorsque l’État aura définitivement consommé ce qui lui reste de crédit et de monopole d’usage de la force.