Le secrétaire général persiste et signe: il n’y a pas de raison de fermer les yeux sur les méfaits du colonialisme.
Le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, a tenu un discours musclé. Intervenant hier sur le thème «La Méditerranée une histoire commune», dans le colloque tenu sur la Guerre d’Algérie, 50 ans après, M.Belkhadem a mis les points sur les «I» concernant plusieurs sujets qui fâchent. Abordant le fameux projet de l’Union pour la Méditerranée, le chef de file du FLN a avancé ses vérités. «Ses initiateurs n’avaient visiblement pas tiré les lecons du processus de Barcelone», a-t-il martelé sans ambages. Il a rappelé dans ce sens que le processus de Barcelone s’est fixé trois objectifs, à savoir le règlement de la question palestinienne, l’accroissement des investissements dans la rive Sud et enfin faciliter la circulation des personnes. «Or, aucun de ces objectifs n’a été atteint», appuie-t-il. Adoptant un franc-parler, M.Belkhadem estime qu’«il est temps de lever les obstacles à la circulation des hommes et ne plus se limiter à laisser passer les marchandises et les rares capitaux». «L’Europe doit rompre avec le passé et considérer les pays de la rive Sud comme des partenaires et non de simples marchés ou de simples récipiendaires d’une aide, d’ailleurs peu généreuse pour ne pas dire indigène», a-t-il clairement affirmé. Une déclaration vivement applaudie par l’assistance. M.Belkhadem a bien mis en exergue les inégalités entre les deux rives. «Si nous jetons un coup d’oeil sur le Bassin méditerranéen, que voyons-nous?» s’est-il interrogé avant de répondre «une rive Nord prospère vivant dans la paix dont la richesse a triplé durant les vingt dernières années et en face une rive Sud pauvre non encore remise des séquelles de l’exploitation et du pillage des richesses, connaissant des maux sociaux et déchirée par des conflits souvent suscités et entretenus de l’extérieur». En clair, le secrétaire général du FLN dit aux pays de la rive Nord qu’ils sont responsables de cette situation. Selon lui, les disparités entre les deux rives sont à l’ origine d’un flux migratoire Sud-Nord qui constitue un problème pour les deux rives. M.Belkhadem a également évoqué la promotion de la démocratie dans les pays de la rive Sud. «Le partenariat pour la démocratie et une prospérité partagée dans le Sud méditerranéen lancé unilatéralement, il y a quelques mois par l’Union européenne, pourrait s’avérer une réponse timide et inopérante destinée uniquement à faire face aux défis immédiats posés par les révoltes arabes comme les besoins humanitaires ou la gestion des flux migratoires»,a-t-il affirmé. Quant à l’avenir de la région, M.Belkhadem a lancé un appel pour développer une coopération multiforme qui privilégie les intérêts communs entre les deux rives. Il plaide pour une coopération basée sur la confiance et le respect mutuel et des intérêts communs. «Cessons de considérer Gibraltar, Lampedusa ou la frontierre gréco-turque comme une frontière politique religieuse et culturelle», a-t-il lancé. Sur ce point, M.Belkhadem n’a pas omis de porter une précision par rapport à la religion et le terrorisme. «Il s’en trouve même des personnes pourtant avisées, qui assimilent volontiers l’islam au terrorisme alors que ce phénomène est universel et n’a ni religion, ni nationalité», a-t-il affirmé en faisant allusion à l’affaire Merah qui suscite une vive polémique en France. A propos de la repentance, M.Belkhadem a fait savoir que «le peuple algérien persiste à ne pas comprendre que la France reconnaisse l’holocauste, le génocide arménien, vote même une loi contre tout négationnisme, mais refuse de reconnaitre les massacres commis en Algérie durant 132 ans d’occupation coloniale». Ainsi, le conférencier réitère indirectement la revendication de son parti qui exige des excuses de la France.