Dans un climat académique souvent marqué par la lenteur des soutenances et l’encombrement des listes d’inscrits, l’annonce de l’Université de M’sila sur l’exclusion de 129 doctorants a déclenché un flot de réactions et de rumeurs sur les réseaux sociaux.
Entre accusations de décisions abruptes et inquiétude quant au sort des étudiants, l’institution a tenu à clarifier la situation, révélant une réalité plus complexe. Il ne s’agit pas d’une épuration aveugle, mais d’une mesure ciblée contre ceux qui ont, de fait, déserté leurs bancs depuis parfois plus de vingt ans.
Université de M’sila : 129 doctorants rayés des registres
Le professeur Amar Boudelaä, recteur de l’Université de M’sila, a tenu à lever toute ambiguïté : « La décision est définitive et irrévocable », martèle-t-il. Selon lui, certains étudiants concernés par la radiation étaient inscrits en doctorat depuis plus de 20 ans. Un chiffre vertigineux quand on sait que le système LMD fixe normalement la durée du doctorat à cinq ans, tandis que le système classique en prévoit six.
Cette situation atypique, accumulée au fil des années, a fini par engorger les effectifs et freiner la dynamique de recherche au sein de l’université. Les doctorants visés n’ont plus donné signe de vie depuis longtemps, ni auprès de leurs encadrants, ni auprès des services administratifs. Malgré de multiples relances « par divers moyens tout au long de l’année écoulée », aucun retour n’est parvenu à l’administration, forçant cette dernière à trancher.
Une opération méthodique : tri, plateformes et délais prolongés
Face aux vives réactions suscitées par cette annonce, l’Université de M’sila a publié un communiqué explicatif, réfutant toute mesure arbitraire ou globale contre ses doctorants. Elle affirme « n’avoir jamais écarté ses étudiants inscrits en doctorat » mais uniquement procédé à « radier ceux ayant déserté les bancs de l’université », et cela dans le but de libérer des places pour de nouvelles formations.
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La démarche s’est articulée autour d’une véritable opération de tri, conduite sur plus d’un an et demi, débutée en janvier 2024. Elle a consisté à examiner chaque dossier individuellement, selon trois catégories précises :
- Étudiants régulièrement inscrits, poursuivant normalement leurs travaux.
- Étudiants en retard, ayant épuisé toutes leurs inscriptions et prolongations légales.
- Étudiants ayant abandonné, qui se sont complètement détournés de leur doctorat depuis plus de cinq ans.
Pour affiner ce recensement, l’Université a ouvert une plateforme électronique afin d’évaluer l’état d’avancement des doctorants et d’identifier ceux qui avaient effectivement tourné la page sans déclaration officielle.
Doctorants à l’université de M’Sila : une dernière chance a été laissée aux retardataires avant le couperet final
Consciente des enjeux humains et académiques, l’Université de M’sila n’a pas appliqué ces radiations sans laisser un ultime sursis aux étudiants en situation de retard. Une échéance a été fixée : « jusqu’au 30 avril 2025, dernier délai pour déposer leurs thèses sous peine d’être définitivement radiés », précise le communiqué.
Dans le même temps, l’administration universitaire a instruit toutes les instances scientifiques de suivre de près les doctorants régulièrement inscrits, exigeant des rapports annuels systématiques pour éviter que de nouveaux cas d’abandon prolongé ne se reproduisent. L’université s’est d’ailleurs fixé l’objectif ambitieux d’atteindre « zéro doctorant en retard d’ici 2026 ».
Doctorat en Algérie : un enjeu de régulation, mais aussi de renouveau
Au-delà de la dimension disciplinaire, cette opération répond à un impératif stratégique. Libérer des places dans les formations doctorales, bloquées depuis des années par des inscriptions purement administratives sans réelle activité de recherche. « Faciliter l’ouverture de nouvelles offres de formation », voilà le but revendiqué par la direction.
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L’Université de M’sila entend ainsi redonner au doctorat sa fonction première. Former des chercheurs actifs, contribuant à la production scientifique nationale. Une démarche qui risque toutefois de laisser un goût amer chez certains, même si elle s’inscrit, selon l’institution, dans un souci de régularité et d’efficacité.