Ce n’est pourtant pas les moyens financiers qui ont manqué. Des milliards sont mobilisés chaque année pour sortir l’université du marasme dans lequel elle est plongée. Elle croupit toujours dans des problèmes d’équipements, d’insécurité, de mal vie.
Il y a déjà eu trop de morts, trop de dégâts.
Une université marquée par des négligences coupables comme celles de l’explosion de gaz, par des milliers de cas d’intoxication alimentaire dans les restos, mais aussi par une insécurité à l’intérieur même des campus. Le drame de vendredi soir nous renvoie également à d’autres incidents qui rythment le quotidien de l’université algérienne.
Il y a quelques mois, un étudiant a été électrocuté lors d’une séance de travaux pratiques dans le laboratoire de la «prestigieuse» USTHB qui vient de fêter ses 50 ans. Cette même université a été secouée par l’assassinat à coups de couteau de l’étudiante Manel Keddache dans l’enceinte même de l’institution.
Faut-il citer aussi les cas d’intoxication alimentaire comme par exemple à Tizi Ouzou ou pas moins de 400 étudiantes ont été évacuées vers l’hôpital. Aussi bien à Tlemcen, Alger et Tizi Ouzou, les étudiants avaient prévenu de tels drames. Avant que ne se produise l’irréparable, plus de 2 000 étudiants avaient manifesté, l’on se rappelle, à l’intérieur de la cité universitaire de M’douha. «Non à l’absence d’hygiène», «Non à l’insécurité dans les franchises universitaires» étaient les slogans scandés et mis en avant sur des banderoles par les participantes à cette marche. A Tlemcen, les étudiants encore sous le choc, ont dénoncé l’indifférence des responsables du campus quant à leurs doléances au sujet de cette fuite de gaz dans les cuisines. «Nous n’avons pas cessé d’attirer l’attention de la cité et de l’université, quant à leur dégradation.
«Il y a moins d’un mois, nous les avons alertés sur des odeurs suspectes de gaz au restaurant, mais nous n’avons pas été pris au sérieux. Nous avions même observé un sit-in. En vain. Aujourd’hui, la tragédie s’est produite et l’on ose évoquer la fatalité», disent-ils.
C’est aussi le cas de l’étudiant Lamine Bensahal qui est décédé électrocuté à l’intérieur d’un laboratoire à cause d’une prise électrique défectueuse que les étudiants avaient à maintes reprises signalée. Pourtant une importante enveloppe financière est débloquée chaque année par le Conseil des ministres pour le secteur de l’enseignement en vue de son amélioration à travers ses différents paliers. Un objectif jamais atteint. Ces lourds budgets consacrés au secteur de l’enseignement devaient se conjuguer avec rigueur, suivi et contrôle afin d’assurer une totale réussite aux œuvres universitaires.
Des sanctions sont tombées hier. Mais ce n’est pas en emprisonnant des sous-fifres qu’on répare le préjudice causé aux familles des disparus et à la communauté universitaire.
Le mal est fait. Il est irréparable. Est-ce une fatalité pour l’université algérienne d’être un foyer d’insécurite, de crimes, d’agressions… ?
R.K