L’unique Palme d’or africaine renaît: « Chronique des années de braise » revient sur les écrans en 4K

L’unique Palme d’or africaine renaît: « Chronique des années de braise » revient sur les écrans en 4K
Chronique des années de braise 

Cinquante ans après avoir ému la Croisette et marqué l’histoire du cinéma, la fresque épique Chronique des années de braise de Mohammed Lakhad-Hamina renait sur grand écran dans une somptueuse version restaurée. Unique Palme d’or africaine, ce chef-d’œuvre du cinéma algérien revient au cœur de l’actualité cinématographique en 2025, présenté à Cannes Classics et projeté en salles à partir du 6 aout.

En 1975, alors que des cinéastes prestigieux comme Martin Scorsese, Michelangelo Antonioni ou Werner Herzog étaient en compétition, c’est un film algérien qui décroche la Palme d’or : Chronique des années de braise. Une victoire retentissante, saluée comme un acte fort et engagé, qui donne à l’Algérie une place unique dans l’histoire du Festival de Cannes.

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Poster du film « Chronique des années de braise ».

Une fresque de résistance

Le film, d’une durée de près de trois heures, retrace les quinze années qui ont précédé le déclenchement de la guerre d’Algérie, de 1939 à 1954. À travers le personnage d’Ahmed, on assiste à une lente montée en tension, entre famine, oppression coloniale, mobilisation forcée pendant la Seconde Guerre mondiale et massacres du 8 mai 1945. Le récit est divisé en six chapitres, qui rendent compte des douleurs et des espoirs d’un peuple en marche vers sa libération.

Ce qui frappe, c’est la puissance politique du film. Lakhdar-Hamina ne se contente pas de raconter l’histoire, il la donne à voir à travers les yeux d’un peuple oublié. Les colons français sont en retrait, tandis que les Algériens occupent le cœur du récit, dans leur quotidien, leurs colères, leurs douleurs. Parmi les scènes les plus marquantes, un discours d’un officier pétainiste, acclamé par des enfants algériens chantant « Maréchal, nous voilà ! », révèle toute l’absurdité de la propagande coloniale.

Chronique des années de braise offre un autre point de vue sur la Seconde Guerre mondiale, souvent absente des récits algériens. Les personnages, en marge du conflit européen, perçoivent les événements mondiaux à travers leur propre prisme, celui de la colonisation. Ahmed, confronté à la famine, à la maladie et à la répression, incarne un peuple opprimé, pour qui la défaite ou la victoire de la France importe peu tant que l’injustice perdure.

Une œuvre visuellement magistrale

Salué pour sa direction artistique, le film retrouve aujourd’hui tout son éclat grâce à une restauration 4K saisissante, Les paysages algériens, les scènes de foule, les travellings élégants et les compositions amples renforçant la force dramatique du récit. La musique de Philippe Arthuys accompagne avec justesse les moments de tension ou d’émotions, tandis que l’acteur grec Yorgo Voyagis donne vie à un Ahmed bouleversant de vérité.

Cette ressortie prend une dimension particulière : Mohammed Lakhdar-Hamina est décédé le 23 mai 2025, à l’âge de 91 ans, alors que le Festival de Cannes lui rendait hommage. Cinéaste engagé, il laisse une œuvre monumentale, unique, essentielle pour comprendre les racines de la guerre d’Algérie et la soif de liberté d’un peuple.

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Un rendez-vous avec l’Histoire

À l’heure où les mémoires coloniales restent sources de débats, Chronique des années de braise revient comme un film nécessaire. Il offre aux nouvelles générations une clé pour comprendre l’histoire algérienne, et rappelle ainsi le rôle que peut jouer le cinéma dans la transmission des luttes et des blessures.

À découvrir ou redécouvrir dès le 6 août dans les salles de cinéma françaises, ce film reste un pilier du patrimoine cinématographique africain, et un témoignage inaltérable d’un combat pour la dignité.