L’Union pour la Méditerranée en mal de soutiens

L’Union pour la Méditerranée en mal de soutiens

Bernard Kouchner se trouvait au Caire mardi 05 janvier pour tenter de relancer l’UPM, enlisée dans des querelles internes.

« Une assemblée de copropriétaires particulièrement gratinée » : c’est ainsi qu’un diplomate qualifie, non sans humour, l’Union pour la Méditerranée (UPM), au chevet de laquelle Bernard Kouchner et quatre de ses homologues (d’Égypte, d’Espagne, de Tunisie et de Jordanie) devaient se réunir mardi soir au Caire. Le faible nombre de participants vaut constat : seule une poignée de pays, sur les 43 présents au sommet fondateur de juillet 2008, apparaissent désormais suffisamment motivés pour tenter de donner un second souffle au grand projet initié par Nicolas Sarkozy de créer la mare nostrum des temps modernes.

Plombé par l’intervention militaire israélienne à Gaza, il y a un an, le vaste chantier s’est enlisé dans les querelles internes. Un chapelet de mines, au premier rang desquelles le conflit israélo-arabe, a placé le processus dans l’ornière. L’arrivée sur la scène d’un ministre israélien des Affaires étrangères ultranationaliste, Avigdor Lieberman, a servi de repoussoir à ses homologues arabes qui refusent de s’asseoir à la même table que lui. La Turquie, toujours prompte à déceler un « agenda caché » pour la tenir en marge de l’UE, traîne les pieds. Quant à l’Algérie, empêtrée dans ses relations conflictuelles avec la France, le Maroc et l’Égypte, elle se montre carrément hostile. « Toutes ces difficultés préexistaient au projet, nous les connaissions », plaide un diplomate en soulignant que « l’UPM ne saurait être un substitut au processus de paix ».

Dans ces conditions, toutefois, faut-il parler de mort clinique ? Non, s’insurgent ses thuriféraires, en invoquant un certain nombre de réunions ministérielles récentes (sur les femmes, sur l’emploi…) et surtout l’élaboration de quelques projets concrets (dans le domaine de l’énergie solaire notamment), à la base du « concept » imaginé par Henri Guaino, désormais nettement moins emphatique. Des locaux flambant neufs attendent, à Barcelone, l’installation du secrétariat général de l’UPM, indispensable cheville ouvrière du dispositif, qui était censée être opérationnelle au 1er janvier.

On évoque maintenant l’échéance du printemps. C’est précisément pour faire avancer le dossier institutionnel que se tenait mardi la réunion du Caire. Un Jordanien tient la corde pour le poste de secrétaire général. La Tunisie, qui le convoitait, lorgne sur une future coprésidence, actuellement assurée par l’Égypte.

Côté nord, la France continue d’occuper de facto la coprésidence, depuis le 1er janvier, aux côtés de l’Espagne, très motivée et qui a promis d’organiser avant juillet le deuxième sommet de l’UPM. Les Vingt-Sept, inégalement stimulés par l’horizon méditerranéen et vigilants sur l’utilisation de leurs fonds, poursuivent des discussions pour équilibrer leurs voix au chapitre, possiblement sous la forme d’une troïka, incluant la Commission de Bruxelles.

Reste la question essentielle de la dynamique de fond, sans laquelle l’UPM demeurera une coquille vide. « Entre les ambitions affichées et ce qui se fait, le décalage est encore trop grand », commente un observateur. Incarnée par la France et l’Espagne, la détermination du Nord reste forte. Mais, selon un diplomate de la « rive sud », les « pays arabes, eux, ne s’investiront dans l’UPM que s’ils estiment pouvoir en retirer un bénéfice, économique ou politique, ce qui estencore loin d’être le cas ».