L’UE n’apprécie pas le fait que l’Algérie interdise l’exportation de certaines matières, comme si un partenariat avec cette UE était synonyme de perte de toute indépendance et de toute autonomie.
Les reproches à l’Algérie fusent de toutes parts. Les ONG, les organismes de classement, l’OMC et, pour rester dans la tradition, l’Union européenne. C’est justement cette dernière qui vient d’exprimer son mécontentement vis-à-vis de ce qui se passe de ce côté-ci de la Méditerranée.
Les reproches de l’UE, qui surgissent quelques jours après les rencontres de la délégation de l’UE avec certaines parties de l’opposition, ne peuvent être ni spontanés ni innocents.
Parmi les points soulignés par ces reproches, notons d’abord le fait que l’UE ne semble pas apprécier la subvention pratiquée en Algérie au profit de certains secteurs et dont l’objectif vise à protéger la production nationale. Ce n’est pourtant pas en Algérie qu’a vu le jour cette réaction, tout à fait naturelle entre autres, pour protéger le travail local. Nul n’ignore que le niveau de compétitivité des entreprises algériennes est si bas qu’elles ne pourraient jamais faire face à celles étrangères. Et l’on sait, quant à la qualité des produits que les nôtres ont encore du chemin à faire pour pouvoir s’imposer un jour. Supprimer la subvention c’est ôter la protection à ces produits et à ces entreprises ce qui signifie signer leur arrêt de mort, purement et simplement. Or c’est ce que semble souhaiter l’Union européenne avec le partenariat auquel elle nous invite.
Pour rappel, face aux produits japonais, les Américains ont toujours subventionné et protégé leur production locale. S’en est-il trouvé quelqu’un qui se serait scandalisé?
Par ailleurs, l’UE n’apprécie pas le fait que l’Algérie interdise l’exportation de certaines matières, comme si un partenariat avec cette UE était synonyme de perte de toute indépendance et de toute autonomie. Est-ce que le contrat de partenariat avec l’UE exige une soumission à ce point?
Il paraît que le sens du mot «partenariat» change de contenu lorsqu’il s’applique aux pays faibles. Qu’ils soient réellement faibles à cause d’un manque de potentiel ou qu’ils soient rendus faibles par l’incompétence de leurs gouvernants là n’est pas la question. Ce qui importe de savoir c’est que, de notre temps, nul ne bouge que dans son intérêt. Le fameux gagnant-gagnant, le respect de l’autre et tout le reste n’est que mensonge et vernis dont nous nous crevons bien volontiers les yeux.
D’un autre côté, l’UE exprime son mécontentement quant au manque de transparence concernant l’octroi des marchés de l’autoroute Est-Ouest. Partant des intérêts de ses entreprises, cette attitude est tout à fait légitime du moment que ces entreprises-là constituent des parties prenantes concernées par les décisions qui peuvent les affecter.
«Aucun pays au monde ne pourra adhérer à l’OMC avec cette règle» crient les gens de l’UE. Est-ce vrai? En tout cas, et nous l’avons déjà dit, aller à l’OMC tel que nous sommes, c’est-à-dire avec un déficit énorme en management, avec des entreprises non compétitives et avec des produits loin d’être compétitifs est un suicide pur et simple. Et si le partenariat avec l’UE signifie la même chose, mieux vaut geler ce partenariat jusqu’à nouvel ordre, c’est-à-dire jusqu’à ce que nous ayons des gouvernants soucieux de l’avenir du pays.