Le nouveau plan de prise en charge des femmes enceintes ne suscite pas l’adhésion des sages-femmes. Il s’agit d’un projet mort-né, selon l’Union des sages-femmes qui dénonce l’absence d’assise juridique et des dispositions qui «enfoncent» un peu plus la corporation.
Nawal Imès – Alger (Le Soir) – Présentée comme le projet devant mettre un terme à l’anarchie qui caractérise la prise en charge des femmes enceintes, la feuille de route du ministère de la Santé suscite la colère des sages-femmes.
En première ligne dans le processus de prise en charge, elles se disent marginalisées et dépourvues de prérogatives dans le cadre du nouveau schéma devant être adopté.
Akila Guerrouche, présidente de l’Union nationale des sages-femmes, est catégorique : le projet n’a été élaboré qu’en réaction au décès des parturientes à Djelfa. C’est, dit-elle, une décision «politique» visant à calmer les esprits plutôt qu’une vision claire. Ce projet, dit-elle, pose des problèmes tant au niveau pratique que théorique. Il enfonce un peu plus les sages-femmes. Il a été élaboré, dit-elle, sans consulter les concernées. Les sages-femmes ont été mises devant le fait accompli avec un projet qui n’a pas d’assise juridique, dit-elle. Si elle reconnaît qu’il était temps de prendre au sérieux la problématique de la prise en charge de la femme enceinte, Akila Guerrouche estime que cela aurait pu se faire grâce au décret présidentiel sur la périnatalité, datant de 2005. Ce dernier, dit-elle, avait balisé le terrain et évoqué les grossesses à hauts risques en précisant dans quelles conditions elles devaient être prises en charge. Il évoquait déjà, dit-elle, la captation de la femme enceinte et son orientation mais il n’a jamais été mis en application.
Aujourd’hui, avec la notion de paliers qu’introduit le projet, la présidente de l’Union des sages-femmes affirme que les sages-femmes vont se retrouver démunies face à leurs patientes. Dans les structures de paliers 1 et 2, il n’est en effet pas prévu d’échographes. Chaque sage-femme est censée prendre en charge jusqu’à 2 000 femmes sans l’aide de l’infirmière. Les actes qu’elle est autorisée à effectuer sont très limités d’où les questionnements de Akila Guerrouche sur le rôle que doit jouer la sage-femme sans compter la charge énorme de travail qu’elle devra effectuer seule dans les deux premiers paliers.
Le projet élaboré par le département de la santé prévoit de classer les structures de santé par paliers. Celles de palier 1 s’occuperont essentiellement de la captation de la grossesse, son enregistrement et son suivi. Celles de palier 2 s’occuperont des accouchements sans risques alors que pour le niveau 4, il s’agira de celles disposant de véritables services de gynécologie avec des spécialistes, pédiatres, réanimateurs et anesthésistes alors que celles se trouvant au niveau des CHU sont classées 4 avec un bloc opératoire et une unité de néonatalogie.
Les accouchements à risques ne se feront que dans les structures de types 3 et 4. Ce même projet évoque l’obligation pour la femme enceinte de choisir dès le début de sa grossesse le lieu dans lequel l’accouchement doit se dérouler, qu’il s’agisse d’une structure publique ou privée. Autre mesure : les transferts de femmes sur le point d’accoucher ne se feront que dans une ambulance avec une fiche de liaison qui permettra de mettre fin à la dissolution des responsabilités.
Des dispositions vouées à l’échec, tranche la présidente de l’Union de sages-femmes.
N. I.