L’union africaine préoccupée par le Sahara occidental: Le Maroc vers la porte de sortie de l’UA?

L’union africaine préoccupée par le Sahara occidental: Le Maroc vers la porte de sortie de l’UA?

A travers l’annexion du territoire sahraoui, la répression qu’il exerce sur sa population, le royaume transgresse l’Acte constitutif qu’il a ratifié et qui lui a permis d’intégrer la «famille africaine».

T el est pris qui croyait prendre. Le souverain marocain qui a fait de son adhésion à l’Union africaine un moyen pour en éjecter la Rasd et mettre définitivement sous son aile les territoires sahraouis annexés en 1975 va très probablement l’apprendre à ses dépens. En effet, à travers l’occupation du Sahara occidental, la répression qu’il exerce sur sa population, le royaume transgresse l’Acte constitutif qu’il a ratifié et qui lui a permis d’intégrer la «famille africaine». Une clause fondatrice qui contraint tout membre de l’UA au respect des frontières héritées de la colonisation. A ce titre le coup de gueule poussé par l’envoyé spécial de l’Union met sans coup férir le Maroc face à ses responsabilités.

Face à ses obligations vis-à-vis de l’UA qui vient de lui ouvrir la porte après qu’il a claqué celle de la défunte OUA en 1984. «L’envoyé spécial de l’Union africaine pour le Sahara occidental, Joaquim Alberto Chissano, a souligné le besoin «urgent» d’une surveillance indépendante, impartiale et durable de la situation des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés», souligne l’UA dans un communiqué de presse publié samedi à Addis-Abeba. L’ex-président du Mozambique (Octobre 1986-février 2005) a eu différentes consultations en marge de la 34e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU tenue du 28 au 1er mars à Genève, a ajouté la même source.

L’ancien guerillero du Frelimo (Front de libération du Mozambique) a saisi cette opportunité pour sensibiliser le Groupe de soutien au Sahara occidental de Genève. Il a notamment mis en exergue les efforts déployés par l’UA pour parvenir à un règlement rapide du conflit du Sahara occidental. La situation humanitaire et la question des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés sont préoccupantes. D’où «la nécessité que la communauté internationale déploie davantage d’efforts pour assurer une solution ‘juste et durable » au conflit, conformément aux résolutions des Nations unies», a indiqué l’envoyé spécial de l’UA pour le Sahara occidental qui a inévitablement fait référence à l’arrêt rendu par la Cour de justice européenne dans le cadre de l’accord agricole conclu entre l’Union européenne et le Maroc en 2012. «…

Compte tenu du statut séparé et distinct garanti au territoire du Sahara occidental en vertu de la Charte des Nations unies et du principe d’autodétermination des peuples, il est exclu de considérer que l’expression ‘territoire du Royaume du Maroc, qui définit le champ territorial des Accords d’association et de libéralisation, englobe le Sahara occidental et, partant, que ces accords sont applicables à ce territoire » ont tranché, le 21 décembre 2016, les magistrats de la Cjue. Joaquim Alberto Chissano le qualifie de «point de départ vers l’aboutissement du droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination et à la souveraineté permanente sur ses ressources naturelles comme énoncé par la Charte des Nations unies».

Ça va jaser du côté du Palais royal! Cette sortie médiatique est incontestablement annonciatrice d’un bras de fer entre l’UA et le Maroc. Le pouvoir marocain a annoncé qu’il «ne reconnaîtra jamais la Rasd». «Le Maroc ne reconnaît pas -et ne reconnaîtra jamais- cette entité fantoche, mais il redoublera d’efforts pour que la petite minorité de pays, notamment africains, qui la reconnaissent encore, fasse évoluer sa position…», a déclaré le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères Nacer Bourita, dans un entretien publié le 5 février par le site d’info en ligne Le Desk. «Le retour du Maroc au sein de sa famille institutionnelle continentale ne changera rien dans nos positions immuables concernant la marocanité du Sahara», a-t-il ajouté. Le Maroc compte défier l’Union africaine dans son antre. La riposte risque d’être sans appel. Le Maroc sera-t-il poussé vers la porte de sortie de l’UA? Une mesure qui n’est pas à exclure.