Ils étaient des milliers d’Algériens et de Français à scander des slogans dans les rues de Paris pour la reconnaissance de ce « crime d’Etat » sur lequel pèse encore un silence officiel.
Organisée lundi à Paris, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la barbare répression contre la marche pacifique des Algériens à Paris le 17 octobre 1961, cette manifestation s’est voulue comme un cri contre l’oubli et un appel contre l’amnésie de la France officielle. Intellectuels, hommes politiques de tous bords, artistes et petites gens ont tenu à faire partie de ce cortège jamais égalé auparavant. Il faut dire que la mobilisation était grande. Plus encore, un appel pour la reconnaissance officielle de la tragédie du 17 octobre 1961, lancé par « Mediapart », a été signé par des dizaines de personnalités dont Raymond Aubrac et Stéphane Hessel, l’auteur de « Indignez-vous ».
Des milliers de personnes, un million selon les organisateurs, se sont regroupés devant le cinéma « Le Rex » du boulevard de Bonne Nouvelle pour la commémoration de cet événement. Cinquante ans après, certains d’entre eux sont revenus sur les lieux pour réclamer que la répression policière soit reconnue comme « un crime d’Etat ». Les manifestants brandissaient fièrement l’emblème national ainsi que des milliers de bustes en contreplaqué portant les noms des victimes ainsi que les circonstances de leur décès : « noyé, tué par balle, frappé à mort, assassiné par strangulation… » Ils ont scandé des slogans, tout en entonnant l’hymne national. Un grand moment ou Français et Algériens étaient unis pour la même cause, le droit à la vérité : « 50 ans après… ouvrez les archives ! », « Reconnaissance du crime d’Etat ». Les protestataires ont bloqué les plus grands boulevards et rues de Paris en partant du boulevard de Bonne Nouvelle pour arriver à Saint-Michel où le pont du même nom a été complètement occupé par les manifestants en début de soirée.
S. O.
