Omran Ben Chaabane, un jeune Libyen de 22 ans, considĂ©rĂ© comme lâun des meurtriers prĂ©sumĂ©s de Mouammar Kadhafi, est mort lundi dans un hĂŽpital parisien. Gravement blessĂ© par balles en Libye, il avait bĂ©nĂ©ficiĂ© dâun visa humanitaire.
Il se prĂ©sentait comme lâhomme qui avait dĂ©couvert Mouammar Kadhafi, le 20 octobre 2011, dans une canalisation, quelque part Ă lâouest de Syrte (Ă 360 km de Tripoli). Cet Ă©tudiant en Ă©lectricitĂ©, considĂ©rĂ© comme lâun des meurtriers prĂ©sumĂ©s du Guide libyen, Ă©tait apparu Ă plusieurs reprises dans des vidĂ©os avec le revolver en or de lâancien homme fort de Libye. Il est mort lundi 25 septembre des suites de ses blessures⊠dans un hĂŽpital parisien, selon une source du Quai dâOrsay, contactĂ©e par France 24.
âOmran Ben Chabaane a Ă©tĂ© admis dĂ©but septembre en France grĂące Ă ce quâon appelle un âvisa humanitaireâ pour se faire soigner en urgenceâ, explique la source qui ne prĂ©cise pas les raisons du choix de la destination. âIl nâa pas survĂ©cu Ă ses blessures et est dĂ©cĂ©dĂ© lundi soirâ, ajoute-t-elle, confirmant ainsi une information de lâAFP.
Enlevé, blessé, torturé
Le dĂ©cĂšs de ce jeune homme, que la Libye avait un temps portĂ© aux nues, pose de nombreuses questions. Pourquoi le âhĂ©rosâ libyen, natif de Misrata, Ă©tait-il blessĂ© Ă son arrivĂ©e ? Que faisait-il en France ? Selon son frĂšre Walid, interrogĂ© par lâAFP, Omran Ben Chaabane avait Ă©tĂ© enlevĂ© au mois de juillet dans la ville de Bani Walid, un des derniers bastions de lâancien rĂ©gime. En tentant dâĂ©chapper Ă ses agresseurs, le jeune homme avait reçu deux balles, lâune dans le cou, lâautre Ă lâestomac. Il avait survĂ©cu et avait Ă©tĂ© maintenu en dĂ©tention 50 jours avant dâĂȘtre libĂ©rĂ©, dans un Ă©tat critique, grĂące Ă lâintervention personnelle du prĂ©sident de lâAssemblĂ©e nationale Mohamed Al-Megaryef. Walid nâen a pas dit plus Ă lâAFP. Ni sur lâidentitĂ© des hommes qui ont enlevĂ© son frĂšre, ni sur les circonstances de lâarrivĂ©e de ce dernier en France.
La mort dâOmran Ben Chaabane nâa pas laissĂ© indiffĂ©rent le CongrĂšs gĂ©nĂ©ral national (CGN) â ou AssemblĂ©e nationale -, la plus haute autoritĂ© de Libye qui a saluĂ© la mort dâun âhĂ©ros courageuxâ et donnĂ© des instructions aux ministĂšres de la DĂ©fense et de lâIntĂ©rieur pour arrĂȘter les responsables de lâenlĂšvement dâOmran.
Les pro-Kadhafi responsables de sa mort ?
Pour lâheure, sa mort a ravivĂ© les tensions entre les villes de Misrata et Bani Walid. Les ex-rebelles considĂšrent que lâancienne place forte du rĂ©gime nâa pas Ă©tĂ© âlibĂ©rĂ©eâ des ârestesâ de lâancien rĂ©gime et tiennent les pro-Kadhafi pour responsables de la mort de Omran Ben Chaabane. âNous allons nous venger militairement mais lĂ©gitimementâ, a indiquĂ© Walid, lui mĂȘme commandant dâune brigade dâex-rebelles.
Le 20 octobre dernier, Omran avait racontĂ© lâhistoire de la capture de Kadhafi Ă un ami, Ahmed Gazal. Ce jour-lĂ , leur brigade part en renfort pour donner lâassaut final Ă Syrte quand ils croisent un groupe de pro-Kadhafi, rescapĂ© dâun convoi bombardĂ© par lâOtan. Parmi eux, lâancien Guide libyen, rĂ©fugiĂ© dans une canalisation, non loin de lĂ . âOn a entendu crier : âCâest Mouammar ! Câest Mouammar!â. Omran Ă©tait le plus prĂšs de lui, il lâa attrapĂ©. Il lui a plantĂ© son pistolet sous le mentonâ, avait confiĂ© Ă lâĂ©poque Ahmed. Lâancien guide mourra, quelques minutes plus tard, sur la route de Misrata, selon lui.
Mardi, la famille a rĂ©cupĂ©rĂ© le corps dâOmran Ben Chaabane, qui a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© en soirĂ©e Ă Misrata dans un avion privĂ©.