Demain, 24 février, est pour l’Ugta un jour particulier. C’est celui où elle célèbre son anniversaire. Le 56e depuis sa création en 1956. Une occasion aussi pour faire le point sur le parcours de la centrale syndicale. Non pas depuis sa création, mais au moins celui de ces dernières années.
Cet exercice est-il vraiment utile tant il est vrai que les avis sur la question seront divergents. Certes, la question qui se pose aujourd’hui est celle de savoir si l’Ugta a changé. A-t-elle perdu de sa force revendicative ? Ses détracteurs ont tous fait leurs premières classes au sein de la Centrale syndicale avant d’aller vers d’autres syndicats autonomes, il n’en reste pas moins vrai qu’une telle assertion est loin de correspondre à la réalité. L’importance de l’Ugta ne peut être remise en cause. Et si les pouvoirs publics ont en fait le seul partenaire social avec lequel ils négocient dans le cadre des rencontres bipartites ou tripartites, c’est justement parce qu’ils savent que l’Ugta est incontournable dès lors qu’il s’agisse du monde du travail. Dans le message adressé dimanche dernier au SG de l’Ugta, le Chef de l’Etat a tenu à rappeler que la Centrale «est restée tout au long de son histoire, une grande organisation syndicale qui a su unir dans un même combat les aspirations sociales et le devoir national des travailleurs algériens. Une approche que Sidi Saïd défend même si elle lui en coûte et lui vaut critiques et reproches. «Je ne suis pas un pyromane», avait-il déclaré, quand bien même il lui est arrivé de recourir à la menace pour obtenir la satisfaction d’une revendication qu’il estime légitime. Difficile dans ce cas de tenter de lui faire croire que l’Ugta n’a pas été à la hauteur de ses engagements. Dans un document qui nous a été remis par le secrétariat général de cette organisation syndicale, les acquis sociaux des salariés et des retraités, arrachés entre 2000 et 2011, sont soulignés. Des acquis brandis à la face de ceux qui reprochent à l’UGTA d’avoir abandonné la voie revendicative. L’ugta, dont peut-être le seul tort aura été de tenir compte des intérêts de l’Algérie d’une part et de vouloir préserver l’outil de travail pour pérenniser les emplois, notamment dans la sphère économique, d’autre part, s’estime en droit aujourd’hui de présenter un bilan positif en cette date anniversaire. «En une décennie, les salariés et les retraités ont enregistré une amélioration de leur revenu et de leur pouvoir d’achat substantielle», est-il indiqué dans le document. «Cette amélioration est le fruit de la constante écoute du Chef de l’Etat aux préoccupations du monde du travail», est-il aussi souligné. Ainsi, est-il rappelé, «la sollicitation de l’Ugta a toujours reçu une attention particulière de la part du Président de la République qui veill constamment à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs, des retraités et de leurs familles». S’agissant du relèvement du Salaire national minimum garanti (SNMG), il est indiqué qu’au 1er septembre 1998, celui-ci était de 6.000 DA. A partir de janvier 2012, il est passé à 18.000 DA. Ce qui signifie qu’ en une décennie, il a été revalorisé de 300%. Pour ce qui est de la Fonction publique, l’Ugta a tenu à rappeler que sur un total de 28 rencontres bipartites et tripartites, 14 ont été consacrées au traitement de ce dossier. Soit 50% des rencontres tenues. Dans son document, la Centrale souligne que le dossier a été traité avec une cadence constante depuis 2000 à 2007. Pour preuve, 8 rencontres lui ont été consacrées. Une persévérance qui a fini par aboutir. La revendication de l’Ugta a été concrétisée en 2006, par la promulgation de l’ordonnance n°06-03 du 15 juillet 2006, portant statut général de la Fonction publique. Dans ce sillage, 60 statuts particuliers et 59 régimes indemnitaires ont été promulgués en faveur des salariés du secteur de la Fonction publique. Pour ce qui est de la revalorisation du point indiciaire, la bataille livrée par l’Ugta lui a permis d’obtenir une valeur indiciaire uniforme de 45 DA dans la nouvelle grille indiciaire des salaires de la Fonction publique, adoptée par la 14e bipartite gouvernement-Ugta du 3 septembre 2007. De même qu’il y a lieu d’indiquer que pour la période 2008-2011, les augmentations successives dans le secteur de la fonction publique ont touché 1.800.000 fonctionnaires. Pour ce qui est du secteur économique (public et privé), il est fait état durant la période 2000-2011 de la signature de 11.784 accords salariaux et de 2 conventions-cadres. Le document élaboré par l’Ugta indique également que pour la période 1990-2008, les accords signés ont touché un effectif global de 6.166.000 salariés du secteur public et privé. Pour la période 2009-2011, ce sont 2.844.798 salariés, dont 1.582.462 dans le secteur public qui ont été touchés. Ces accords ont généré un taux moyen d’augmentation de 52%. Pour ce qui est des mesures prises en matière de retraite durant les 10 dernières années, il est souligné que les revalorisations annuelles des pensions et allocations de retraite durant la période 2000-2010 ont permis une augmentation globale des pensions de l’ordre de 55%. En 2011, le taux de revalorisation a été fixé à 10%. De même qu’il est indiqué le relèvement du seuil de la pension minimum (75% du SNMG) suite aux relèvements du SNMG, dont la dernière augmentation à 18.000 DA qui a pris effet à compter du 1er janvier 2012 et le relèvement du montant minimum de la pension à 15.000 et la revalorisation des pensions et allocations selon un taux dégressif variant entre 30 et 15% qui a pris effet à compter de cette même date. Des mesures qui sont l’aboutissement de la revendication de l’Ugta en vue d’améliorer le pouvoir d’achat de cette catégorie d’Algériens.
Nadia Kerraz