Une augmentation « anormale » des prix des produits de large consommation a été constatée ces deux derniers jours par l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), selon Hadj-Tahar Boulenouar porte-parole de cette organisation professionnelle. Les grossistes se cachent derrière la hausse des cours sur le marché mondial pour augmenter leurs marges.
L’augmentation de l’ordre de 20% a touché particulièrement les légumes secs (lentilles, haricots secs) mais aussi le café. Deux grossistes dans l’agroalimentaire du marché de gros de Smar, dans la banlieue d’Alger, ont confirmé ces hausses. L’un deux a toutefois nuancé la proportion évoquée par le représentant de l’UGCAA jugeant le taux avancé (20%) un peu exagéré. Il reste que l’augmentation est là. En effet, selon un marchand de gros spécialisé dans l’agroalimentaire, le kilogramme d’haricots secs est passé de 148DA à 180DA le kilogramme. Idem pour les lentilles dont le prix est passé de 77DA à 82DA/kg. Pour Tahar Boulenouar, ces augmentations sont anormales car les produits en questions ont été importés avant la récente augmentation des cours mondiaux.
Rien ne justifie cette hausse, a-t-il déclaré. Les grossistes ont intégré, indument, la hausse des prix sur le marché mondial pour accroitre leur marge, accuse Boulenouar. « L’augmentation des cours mondiaux est certes avérée, mais elle n’est pas de la même proportion que celles nous constatons en ce moment sur le marché local», observe Boulenouar.
La faute aux monopoles
Deux facteurs expliquent ces hausses, selon le même interlocuteur : le monopole qu’exercent certains opérateurs sur les produits agroalimentaires, et les importateurs. « L’Etat se doit de dispatcher le circuit de distribution » de sorte qu’il n’y ait pas de monopole sur certains produits, préconise le représentant de l’UGCAA estimant que le monopole engendre la spéculation. Hadj-Tahar Boulenouar pense que les hausses des prix qui touchent la filière des fruits et légumes sont dues, essentiellement, à la faille qui caractérise le circuit de distribution.
Une autre raison est citée : celle ayant trait à la grosse différence entre les marchés de gros et de détail « en raison du manque de marchés de proximité ». Il préconise d’organiser le circuit des chambres froides en les dotant de nouvelles structures, de sorte à faire face aux pénuries en produits de large consommation (fruits et légumes en particulier) durant la saison hivernale.
Tout en appelant le gouvernement à réviser le système de la fiscalité dont le poids sur les commerçants « fait que beaucoup parmi eux la fuient », le représentant de l’UGCAA recommande la révision de la politique publique de subvention des produits de large consommation, « dans la mesure où elle (la subvention) bénéficie aux seuls opérateurs étrangers et importateurs. »
Les mandataires s’en lavent les mains
Souvent mis en cause dans la flambée des prix des produits de large consommation, les mandataires des marchés ne cachent pas leur mécontentement face à ce qu’ils appellent « des accusations non fondées ». Ils mettent en cause une gestion « douteuse » des APC -à qui revient la propriété des marchés- en « connivence » avec les adjudicateurs à qui échoit la gestion des marchés. Achour Mostefa, président de la Fédération nationale des marchands de gros des fruits et légumes (UGCAA) a dénoncé récemment une « véritable mafia » qui est en train de gérer les marchés de gros.
Selon lui, il y aurait une complicité entre les APC et les adjudicateurs dans l’élaboration des cahiers des charges, opération à laquelle les mandataires réclament d’être associés. « Nous ne sommes que des victimes », déclarent-ils. Ils mettent en cause la multiplication des intermédiaires et le diktat des gestionnaires des marchés de gros (adjudicateurs) pour expliquer la flambée des prix.