L’UEFA en guerre contre les paris illégaux

L’UEFA en guerre contre les paris illégaux

Michel Platini ne cesse de répéter depuis son élection à la tête de l’UEFA que les «paris illégaux peuvent tuer le football» : la guerre est donc déclarée et la première victime est le club macédonien du FK Pobeda, exclu pour huit ans vendredi soir dernier pour tricherie liée aux paris.

Au terme d’une séance record de sept heures, l’instance disciplinaire de l’Union européenne de football a frappé fort : exclusion de huit ans de toutes compétitions européennes du club macédonien du FK Pobeda, pour avoir influé sur un résultat dans le cadre de paris illégaux à l’occasion du tour préliminaire de la Ligue des champions 2004-05. Des personnes physiques sont aussi condamnées. Le président du club Aleksandar Zabrcanec est banni à vie de toute activité liée au football, de même que le joueur du club Nikolce Zdraveski. La FIFA sera sollicitée par l’UEFA pour étendre ces bannissements à l’échelle mondiale. C’est une première du genre dans le cadre des paris frauduleux. «Ces sanctions envoient un signe clair et fort : l’UEFA ne tolérera aucune activité frauduleuse visant à influer sur le résultat des matches», s’est félicité Michel Platini vendredi soir.

Les investigations avaient été menées «sur les rencontres opposant le FK Pobeda au FC Pyunik (Arménie) les 13 et 21 juillet 2004 au premier tour préliminaire de la Ligue des champions», a précisé l’UEFA. Les accusations étaient «basées sur des rapports envoyés par l’industrie des paris concernant une activité inhabituelle sur les paris, ainsi que sur les déclarations de plusieurs témoins». Le FK Pobeda, son président et l’un de ses joueurs ont ainsi été reconnus coupables d’«avoir violé les principes d’intégrité et de fair-play en manipulant le résultat d’un match pour eux-mêmes et pour une tierce partie».

Lors du 33e congrès ordinaire de l’UEFA, fin mars à Copenhague, Michel Platini avait répété que «les paris illégaux [pouvaient] tuer notre sport: Si les résultats sont fixés à l’avance, le football n’a plus de raison d’exister». Ces mises en garde ne datent pas d’aujourd’hui. Et ne visent pas uniquement les paris illégaux. Le combat contre les paris frauduleux, «c’est le début d’un combat multiple contre les malversations financières», avait expliqué dans un entretien accordé à l’AFP en décembre 2007 William Gaillard, directeur de la communication de l’UEFA et conseiller du président Platini. «Au-delà des paris illégaux, il faut savoir si des investisseurs, dans certains pays où les contrôles fiscaux sont moins rigoureux que dans d’autres, peuvent utiliser les clubs de football pour blanchir de l’argent comme en passant par des casinos par exemple, détaillait M. Gaillard. Tout le monde du sport est menacé.»

Pour l’heure, les seuls cas de paris illégaux inventoriés concernent «les joueurs de petites divisions, plus faciles à corrompre, ceux de l’élite ont plus de visibilité et sont plus riches», comme le précisait M. Gaillard. «C’est pour ça que des tours importants et de grands matches de Ligue des champions ne sont pas touchés. Mais, ça ne nous console pas, on voudrait que le football soit propre à tous les niveaux»,concluait-il. L’UEFA va d’ailleurs mettre en place à partir de la saison prochaine un système d’alerte préventive et de détection des fraudes, portant également sur les championnats de 1re et de 2e division et les Coupes nationales des 53 fédérations-membres.