Lu pour vous: L’intestin, siège de nos émotions

Lu pour vous:  L’intestin, siège de nos émotions
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Dans son livre Le charme discret de l’intestin, la jeune médecin allemande Giulia Enders raconte une histoire bouleversante :

Au cours d’une soirée étudiante, elle se retrouve assise à côté d’un jeune homme à l’haleine épouvantable.

Rien de comparable avec ce qu’elle avait pu sentir auparavant. A tel point qu’elle doit changer de place pour ne pas être incommodée. Le lendemain, elle apprend que le garçon est mort… Il s’est suicidé.

Cette tragédie lui met la puce à l’oreille : pourrait-il y avoir un lien entre une digestion défaillante et des problèmes psychologiques ?

Giulia Enders se décide à pousser plus loin les investigations et découvre alors tout un pan de la médecine totalement négligé par le milieu universitaire et la recherche : le lien entre cerveau et intestin.

Ce n’est en effet pas un hasard si bon nombre d’expressions sur nos émotions ont un rapport avec notre ventre : «se faire de la bile»… «être pris aux tripes »… «mal digérer une déception »… «avoir la peur au ventre».

L’intestin joue un rôle-clé de messager pour le cerveau.

Contrairement au cerveau qui se trouve isolé du reste du corps, l’intestin est au cœur de notre activité : il sait tout de ce que nous avons mangé, il peut sonder les hormones qui se promènent dans notre sang, il connaît l’état de nos cellules immunitaires.

A travers le nerf pneumogastrique qui le relie au cerveau, l’intestin bénéficie d’une ligne directe pour envoyer des informations sur son environnement.

Il produit en effet les mêmes neuro-médiateurs :

• la sérotonine, hormone de la bonne humeur, est produite à 80% dans l’intestin ;

• l’acétylcholine, le messager chimique de la mémoire ;

• la noradrénaline impliquée dans l’attention, l’apprentissage, les émotions et le sommeil ;

• le gaba, l’acide gamma-aminobutyrique qui favorise le calme et la relaxation.

C’est là que les bactéries de notre microbiote (plus communément désigné par flore intestinale) interviennent : elles sont capables de stimuler ces neuro-transmetteurs.

En effet, le tryptophane — un acide aminé essentiel, précurseur de la production de la sérotonine — ne peut pas être produit par le corps humain et doit être fourni par l’alimentation ou les bactéries intestinales.

Une mauvaise flore intestinale peut donc agir directement sur notre moral, notre capacité à résister au stress ou la qualité de notre sommeil. Des études récentes viennent de confirmer le rôle du microbiote dans l’apparition de certaines maladies.

Quand nos microbes vont mal, c’est tout notre corps qui va mal.