LPP, LSP, LPA, LPL, AADL Les formules de logement se succèdent et se ressemblent

LPP, LSP, LPA, LPL, AADL Les formules de logement se succèdent et se ressemblent

Les souscriptions au programme de Logement promotionnel public (LPP) seront ouvertes à partir du 1er juillet prochain, a annoncé hier Amar Guellati, directeur général de l’Entreprise nationale de promotion immobilière (ENPI), chargée de la réalisation de cette nouvelle formule d’accès au logement.

Sans doute une bonne nouvelle pour les citoyens concernés par cette formule mais, une douloureuse occasion pour ceux en attente d’un toit depuis des années.

Le logement, plus qu’une crise en Algérie, est une problématique, une équation à plusieurs inconnues qui demeurent insolvables. Pourtant, l’Etat a mis en place cette dernière décennie notamment un programme ambitieux de construction de pas moins de deux millions de logements publics à l’horizon 2014. Deux millions de logements, c’est énorme.

C’est un chiffre qui théoriquement devait absorber, pour une grande part, ou du moins réguler la crise de logement en Algérie. Mais il se trouve qu’à moins de six mois avant la fin du troisième quinquennat, le logement demeure encore et toujours le souci numéro un de l’Algérien moyen.

Et pour cause, plongés dans une hérésie frénétique de réaliser des milliers et des milliers de logements dits sociaux pour contenir les éventuelles colères sociales, les pouvoirs publics s’ingénient à annoncer des formules de logements qui se succèdent et se ressemblent faisant qu’au final, le résultat est le même : des centaines, des milliers de familles attendent depuis des dizaines d’années, voire plus, pour s’abriter sous un toit décent. Mais où est donc la faille ? Le commun des citoyens constatera pourtant que le pays dans sa presque totalité est un véritable chantier à ciel ouvert.

Des centaines d’hectares de surfaces censés abriter des programmes de logements sont clôturés par des entreprises de construction, nationales et étrangères. Mieux. Actuellement, l’air n’est pas dans la réalisation de logements uniquement, mais à celle de grandes villes et de pôles urbains.

Les retards dans la réalisation des ensembles habitables se comptent en années faisant que les citoyens ayant souscrit au LSP ou au LPA se retrouvent noyés dans moult interrogations et beaucoup d’inquiétude.

Des projets de logements devant être livrés depuis plusieurs années, n’ont pas été réceptionnés par leurs bénéficiaires. Pour illustrer cet état de fait désolant, l’on citera le projet de réalisation de 250/500 logements publics locatifs destinés à la résorption de l’habitat précaire dans la daïra de Sedrata, wilaya de Souk Ahras.

Ainsi durant la visite d’inspection dimanche dernier du Premier ministre dans cette wilaya, sur l’assiette foncière contenant ce projet et à la lecture de la fiche technique dudit projet, il s’avère que ce dernier a été inscrit au profit de la daïra depuis … 2007. Pas moins de 7 entreprises ont participé à la réalisation de … 250 unités de logements.

Le directeur général de l’OPGI de Souk Ahras, Mohamed Benali, expliquera les retards de réalisation des programmes de logements au même titre que ceux relevant d’autres secteurs, par «un problème acéré de maind’oeuvre versée dans autre chose (ndrl : contrebande), plus l’absence d’entreprises de construction qualifiées et compétentes».

D’autre part, comme pour mieux retourner le couteau dans la plaie, un autre responsable de ladite OPGI confiera que pas moins de «4 888 logements ont été déclarés infructueux à la suite à des appels d’offres nationaux et internationaux». Aussi, un autre responsable du secteur préconisera de «confier la réalisation de ces logements à travers la formule de gré à gré simple».

Quant à la qualité hideuse des bâtiments réalisés, le DG de l’OPGI, se pourvoyant un rôle politique, rétorquera «qu’entre la protestation des citoyens et la qualité, nous choisissons cela».

«Si ce n’était le recours à ces petites entreprises (catégorie 1) on n’aurait pas réalisé ces logements», soulignera-t-il. N’est-ce pas là une image illustrant fortement d’une part les retards accumulés dans l’exécution des projets de logements, et à plus forte raison une explication de la colère des citoyens qui croupissent encore dans des habitations indécentes et insalubres, ou qui continuent de payer des locations à des sommes faramineuses.

Des projets comme celui de Sedrata, il y en a des dizaines à travers le pays. Depuis une dizaine d’années l’on ne cesse d’inventer des formules de logements LSP, LPA, social, LPL, LPP, AADL qui demeurent incompréhensibles pour le simple citoyen, malgré toutes les explications apportées, car ce qu’il veut avant et après tout c’est un toit, un logement.

Lynda Naili Bourebrab