Nous sommes des millions, quotidiennement, à scruter les écrans de nos ordinateurs ou à télécharger via le Bluetooth et les connexions des vidéos, images et autres enregistrements audio pour nous divertir et plaisanter entre nous au sujet de ces produits de la technologie qui se moquent de la politique de la société et de ses usages, qui tournent en dérision des scènes de la vie de tous les jours ou des faits marquants dans notre existence, etc.
Des produits qui nous font rire ou qui nous font rêver, qui nous révoltent parfois… Ce qui n’est pour nous qu’un moyen de distraction et de loisirs est pour d’autres un produit de la recherche scientifique et des études en anthropologie sociale et culturelle. L’anthropologue et chercheur algérien Hadj Miliani vient de publier un nouvel ouvrage fort intéressant aux éditions L’Harmattan en France, apprend-on auprès de l’auteur.
Intitulé Des louangeurs au home cinéma en Algérie – études de socio-anthropologie culturelle, l’ouvrage traite d’un sujet très complexe qui est la communication intersociale. L’auteur de l’ouvrage, qui a passé plus de trois années de recherche sur le sujet, explique que la recherche est fondée sur «une interrogation des lieux de croisement de certaines conduites et pratiques culturelles du présent et du passé en Algérie».
Pour illustrer sa démarche, l’anthropologue algérien a réuni «des essais qui témoignent d’une recherche basée sur la critique et l’interrogation…», est-il spécifié au verso du livre.
«Quel rapport y a-t-il en Algérie entre la pratique de la dédicace, l’organisation d’un simulacre de mariage, l’usage de la vanne ou de l’insulte, une chanson de rap et une vidéo comique ? C’est en partie pour apporter quelques éclairages qu’ont été réunis les différents essais qui témoignent d’une démarche de recherche», explique le chercheur. Hadj Miliani dissèque dans son dernier ouvrage les interrelations entre la parole en tant qu’usage social privilégié et les autres formes de communication sociale, dont les produits de la technologie, la vidéo, la musique, la chanson, etc.
«Certes, si l’acte de parole est privilégié, c’est moins parce qu’il cristallise souvent la manifestation la plus visible des pratiques sociales, qu’il est le lieu où s’incarnent, avec le plus d’évidence, des interrelations significatives. Elles se déclinent en constructions symboliques et conduites sociales ainsi qu’à travers des contacts et des variations au cœur même de la dynamique culturelle.
Si le dire est la première formulation du rapport au monde social, les pratiques individualisées dans l’acte créateur (chansons, films, etc.) ou collectivement dans les manifestations de groupe mobilisent des ressources symboliques qui sont tout à la fois des représentations et des pragmatiques constamment recréées
et réinventées.»Il y a lieu de noter que Miliani Hadj est également professeur de littérature comparée à la faculté des arts et des lettres de l’université de Mostaganem en Algérie et directeur de recherche associé au Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d’Oran.
M. O