Lourde, la facture des importations

Lourde, la facture des importations

Feriel Nourine

Le déficit commercial de l’Algérie a sensiblement baissé en 2018, se chiffrant à 5,03 milliards de dollars contre 10,87 milliards en 2017, soit un recul de 5,84 milliards de dollars (-53,73%), selon le Centre national des transmissions et du système d’information des Douanes (CNTSID).

Un recul qui n’aura toutefois pas suffi à libérer la balance commerciale du pays de sa tendance négative, poussant les pouvoirs publics à aller chercher l’équilibre dans des réserves de changes qui s’amenuisent progressivement.

Pour rappel, le stock de devises est descendu au-dessous des 80 milliards de dollars à la fin 2018, avait indiqué la semaine dernière le Chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, suscitant inquiétudes et préoccupations parmi les observateurs et experts de la scène économique nationale.

Et si le déficit commercial demeure négatif, c’est parce que la facture des importations est restée supérieure par son montant par rapport aux recettes engrangées par les exportations. De quoi confirmer une énième fois l’échec d’une stratégie de commerce extérieur, axé sur un dispositif d’interdiction d’importation de nombreux produits sans arriver à développer la production nationale, encore moins à réduire de la facture des achats extra-muros.

Une situation qui risque d’ailleurs de perdurer et fragiliser davantage les équilibres financiers du pays, ou ce qu’il en reste, si la production locale ne monte pas réellement en cadence pour réduire de cette dépendance de plus en plus dangereuse de produits étrangers chèrement payés en monnaie forte.

L’année dernière, l’Algérie a exporté pour à 41,168 milliards de dollars (mds usd) contre 35,191 mds usd en 2017, soit une hausse de 5,977 mds usd (+16,98%), mais a aussi importé pour 46,197 mds usd contre 46,059 mds usd en 2017, soit une hausse de 138 millions de dollars (+0,3%).

C’est dire que les importations auraient pesé beaucoup plus lourd sur la balance commerciale si celle-ci n’avait pas pu compter sur des prix de pétrole en hausse en 2018 qui ont, plus ou moins, permis de limiter les pertes après avoir gagné 7,077 mds usd (+15,26%) par rapport à 2017 pour se chiffrer à 38,338 mds usd, représentant l’essentiel des ventes algériennes à l’étranger (93,13% du montant global des exportations)

Quant aux exportations hors hydrocarbures, elles sont demeurées marginales en représentant 6,87% du montant global des exportations, soit une valeur de 2,83 mds usd, malgré une augmentation de 46,63% par rapport à 2017. Concernant les importations, la satisfaction vient des produits énergétiques et lubrifiants (dont les carburants notamment) dont la facture a connu une baisse significative de 977 millions usd (-49,05) en 2018, après être passée à 1,015 mds usd contre 1,992 mds usd en 2017.

Par contre, des hausses des importations ont été enregistrées pour les groupes des biens alimentaires, des produits bruts et des biens de consommation non alimentaires. La facture des produits alimentaires s’est établie à 8,573 mds usd contre 8,438 mds usd (+1,6%), alors que les importations des produits bruts ont atteint 1,898 mds usd contre 1,527 mds usd (+24,3%). Concernant les biens de consommation non alimentaires, ils ont été importés pour 9,75 mds usd contre 8,511 mds usd (+14,63%).

L’Italie premier client, la Chine premier fournisseur

Au classement des partenaires commerciaux de l’Algérie pour 2018, l’Italie a conservé sa place de premier client avec 6,127 mds usd (14,9% des exportations globales algériennes), suivie de l’Espagne avec 5 mds usd (12,15%), de la France avec 4,6 mds usd (11,25%), des Etats-Unis avec 3,86 mds usd (9,4%) et de la Grande-Bretagne avec 2,8 mds usd (6,7%).

Pour sa part, la Chine est restée premier fournisseur du pays avec 7,85 mds usd (17% des importations globales algériennes), suivie de la France avec 4,78 mds usd (10,35%), de l’Italie avec 3,65 mds usd (7,91%), de l’Espagne avec 3,53 mds usd (7,65%) et de l’Allemagne avec 3,18 mds usd (6,88%).