Le chanteur kabyle, Lounis Aït Menguellet, qui a animé deux galas artistiques, samedi et dimanche soir, à la maison de la culture de la ville Tizi Ouzou, a également animé une conférence de presse quelques heures seulement avan son deuxième gala.
Taciturne de nature, Aït Menguellet a répondu aimablement à toutes les questions qui tournaient essentiellement autour de son nouvel album de 7 titres, intitulé La feuille blanche, disponible chez les disquaires depuis le 25 juillet.
A propos de ses deux derniers produits qui sont un peu différents par rapport à son style musical habituel, il dira :
«A chaque fois que je présente quelque chose de nouveau, j’apporte du nouveau aussi, sinon ce ne sera pas un nouvel album. Le sujet sur la feuille blanche a été évoqué déjà, mais moi je voulais le chanter à ma manière.» Et d’ajouter : «Pour les nouveaux instruments, c’est mon fils Djaffar qui m’a convaincu de les inclure dans mes musiques sans changer le fond de mes textes.»
A signaler que ce nouvel album est presque un produit familial. Outre les arrangements et les musiques que Lounis a composés avec son fils Djaffar, cette fois-ci, et pour la première fois, son autre fils, Tarik en l’occurrence, s’est mis de la partie pour s’occuper de la traduction, ainsi que sa fille, étudiante à l’Ecole des beaux-arts, qui est derrière la conception de la jaquette de son nouvel album.
Questionné au sujet de ses nouveaux thèmes, et qui s’éloignent d’ailleurs un peu de la politique, contrairement à son passé artistique, le conférencier se justifie : «j’ai le droit de ne pas adhérer à un parti politique, mais mes convictions et mes positions politiques, je les assume toujours.»
Toutefois, dans l’une de ses nouvelles chansons, sareh iouaman adelhoune (laisse l’eau couler), Lounis a parlé d’un sujet philosophique qu’est l’épicurisme, une pensée qui a comme but d’arriver à un état de bonheur constant, sérénité d’esprit, tout en bannissant toute forme de plaisir inutile, une pensée défendue par le philosophe grec Epicure, 306 av. J.-C.
En ce qui concerne les sollicitations de cheb Khaled, qui a exprimé lors de son dernier passage à Tizi Ouzou le vœu de chanter en duo avec lui, Aït Menguellet n’est pas contre cette proposition. «J’estime Khaled en tant que personne et aussi en tant qu’artiste.
On a parlé d’une éventuelle production ensemble, mais pour le moment rien n’est encore décidé. On n’a pas parlé comment ou bien quand, c’était juste une proposition.
De toutes les façons, moi je ne suis pas contre cette idée et je suis prêt à chanter avec lui», dira-t-il. A la fin de la conférence, Lounis a annoncé, outre son prochain gala à la salle Atlas, à Alger, un gala inédit à la ville de Constantine, le 6 septembre. Une première depuis le début de sa carrière artistique, en 1969.
Des moments de nostalgie
Pour revenir aux deux soirées qu’il a animées samedi et dimanche, le ténor de la chanson kabyle a, comme à l’accoutumée, drainé un large public composé essentiellement de familles.
Lounis, qui n’a rien perdu de sa verve artistique, a diverti l’assistance jusqu’à des heures tardives. Accompagné sur scène par ses deux fils, Djaffar et Tarik, désormais la famille artistique des Aït Menguellet ne fait que s’agrandir.
A travers ses chansons dites des années d’or, les mélomanes et surtout les nostalgiques de la chanson kabyle ancienne ont été plongés dans une ambiance musicale des années 1970, avec des chansons comme Louisa, Ay ittidj, thelteyam di lamriou, Savregfh Duzal, etc.
«J’ai l’impression de revivre ma jeunesse», dira une femme d’un certain âge. Quant à Saïd, accompagné par toute sa famille, il dira : «la première fois que j’ai assisté à un gala d’Aït Menguellet, c’était en 1978 à la salle Atlas d’Alger. A l’époque, j’étais en service militaire dans la capitale.
Aujourd’hui encore, Lounis n’a pas changé, ni dans sa manière de chanter ni dans sa modestie. Pour moi, c’est une légende vivante.»
Dans la salle, pleine comme un œuf, la nouvelle venue d’Egypte quant à la qualification de la JSK aux demi-finales de la Ligue des champions d’Afrique, en arrachant un nul face à la redoutable équipe cairote du Ahly, a secoué l’assistance par des youyous stridents des femmes. De son côté, Lounis a fêté à sa manière cet évènement avec sa chanson des années soixante-dix,
Qu’elle perde ou qu’elle gagne, nous sommes toujours avec la JSK. Par ailleurs, l’exiguïté de la grande salle de la Maison de la culture, où une bonne partie n’a pas pu assister au gala, n’a pas arrangé les choses.
Apostrophé à ce sujet, Aït Menguellet dit préférer se produire dans une salle que dans un stade en plein air. «Dans une salle, je suis plus proche de mon public et c’est plus intime.
Je préfère me produire une semaine durant dans une salle pour satisfaire tout le monde que chanter dans un stade. Enfin, je le fais exceptionnellement», dira Lounis. A la fin du spectacle, dimanche soir, l’artiste a affiché son entière satisfaction.
«Avec un public pareil je peux chanter chaque soir», dira-t-il fort à propos. A signaler que même son fils Djaffar a tenu à chanter quelques-unes de ses mélodieuses chansons avant son père.
A. Igoudjil et B. B.