Louiza Hanoune et ses 100 conseils pour sortir de la crise. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) Louiza Hanoune affirmé mardi à Alger, avoir réactualisé la lettre adressée au président Bouteflika, et relancé sa campagne de collecte de signatures pour une réforme politique.
Mme Hanoune a expliqué, lors d’une conférence de presse animée, mardi 2 mars au siège national de son parti, que celui-ci a lancé pas moins de « 100 conseils populaires, ayant pour objectif d’encadrer et de répertorier les doléances des citoyens et la gestion du pays en cas de crise ».
« Les préoccupations exprimées par la population seront ajoutées dans la lettre adressée au président Bouteflika», a expliqué Louiza Hanoune. La SG du PT a indiqué que sa formation politique compte relancer à cet effet la campagne de collecte de signatures pour une réforme politique institutionnelle démocratique et pour le parachèvement de celles engagées au plan économique et social pour répondre aux revendications pressantes des jeunes, des travailleurs et de la large frange de la population.
Elle rappelle que la première lettre envoyée à Bouteflika après sa réélection en 2009 avait été « appuyée par plus d’un million de signatures de citoyens. »
Dans la lettre « actualisée » et dont des copies ont été remises aux journalistes, Louiza Hanoune exprime d’abord à Bouteflika son soutien aux réformes économiques introduites depuis la Loi de finance complémentaire de 2009.
Elle l’appelle notamment à la convocation d’élections législatives anticipées qui seront suivies d’élections locales également anticipées, mais, précise-t-elle, « dans le cadre de nouveaux codes de la commune et de wilaya ».
Elle a réitéré, dans ce contexte, la nécessité d’aller vers un débat général pour une Assemblée constituante, dans le but de « l’édification d’une véritable démocratie ».
Outre une multitudes de revendications sociales telles l’instauration d’une indemnité de chômage ainsi que ces revendications traditionnelles appelant entre autres au gel de l’accord d’association avec l’Union européenne et l’arrêt de la politique de privatisation, Louisa Hanoune exhorte Bouteflika à lever l’interdiction de marcher et de manifester à Alger, interdiction qui date de juin 2011
Elle demande aussi l’abrogation de l’article 144 bis du code pénal, prévoyant des peines de prisons contre les journalistes.
Sur le plan international, Mme Hanoune a appelé Bouteflika à s’exprimer clairement sur les menaces qui pèsent sur la Libye autant que sur toute la région. « Il n’est plus permis à ce que les gouvernants maghrébins restent muets. Les forces navales américaines manœuvrent autour de la région et Kadhafi déploie son armée à la frontière avec la Tunisie », s’est-elle alarmée.
Elle s’écrie : « L’Algérie doit exprimer clairement son refus total du bain de sang en Libye comme elle doit refuser toute présence militaire étrangère à nos frontières ».
Elle soupçonne en outre «les américains de faire d’une seule pierre deux coup, en introduisant leurs troupes ainsi qu’en installant l’AFRICOM en Libye ».
Elle a également appelé Bouteflika d’aider la Libye sur le plan humanitaire, arguant que la Tunisie est incapable de faire face à elle seule au flux des réfugiés fuyant les violences en Libye. « Il ne faut pas que l’Etat algérien se limite à des aides, mais également à contribuer à l’arrêt de l’effusion de sang. Et nous pensons que l’Algérie peut jouer un grand rôle », a-t-elle dit.
Louiza Hanoune, 57 ans, est à la tête du PT, un parti d’obédience trotskiste, depuis la création du parti en 1990. Il compte 26 députés à l’assemblée nationale. Originaire de Jijel, dans l’Est d’Algérie, Louiza Hanoune a été candidate à l’élection, présidentielle d’avril 2009 où elle a obtenu 4,22 % des suffrages.