Louiza Allia Belamri, réalisatrice, à liberté: “Le documentaire est le genre le plus authentique pour montrer l’Humain”

Louiza Allia Belamri, réalisatrice, à liberté: “Le documentaire est le genre le plus authentique pour montrer l’Humain”

Louiza Allia Belamri – native de Béjaïa et avocate de métier – fait partie de ces jeunes artistes algériens talentueux et prometteurs qui cherchent à travers leur art certes à véhiculer des messages, mais aussi et surtout à construire une autre Algérie, une Algérie ouverte à l’autre et qui accepte la différence. À l’issue de la projection de son moyen-métrage Unique.dz à Alger, elle nous dévoile un peu de ses ambitions qu’elle veut bien partager avec nos lecteurs.

Liberté : Vous êtes réalisatrice, mais aussi artiste peintre, comment vous est venu ce penchant artistique ?

Louiza Belamri : J’ai d’abord commencé par m’intéresser aux arts plastiques, mon oncle – qui est d’ailleurs l’un des intervenants de mon documentaire Unique.dz, en l’occurrence Me Cherbal l’avocat excentrique – m’emmenait souvent avec lui au théâtre régional de Béjaïa – qui est ma ville natale et y ai vécu jusqu’en 2012. En 1988, alors que je n’avais que 4 ans, il m’emmena à un vernissage au TRB, c’est le plus vieux souvenir que j’ai ; je me vois encore toute petite lui tenant la main entourée d’œuvres plastiques… Plus tard, j’ai aussi suivi une formation au théâtre ; à la fac, j’étais mime… Je suis une grande fan de Marcel Marceau. Étant avocate, en venant m’installer à Alger, je me suis spécialisée dans l’audiovisuel, cela m’a permis de connaître du monde, mais surtout d’apprendre sur le tas, de me faire des amis techniciens qui m’ont d’ailleurs aidée sur le plan technique pour ce documentaire.

Pourquoi avoir opté pour le genre documentaire ?

J’ai voulu faire le doc, car je suis passionnée par l’Homme, je trouve l’humain tellement beau, j’aime ces différences, propre à chacun ; j’aime discuter et échanger même avec des inconnus ; j’appelle cela les moments hors du temps, ces petites parenthèses qui peuvent marquer une vie, ou même la changer carrément. Le documentaire est pour moi la plus authentique des façons de montrer cela, comme les personnes ne jouent pas et sont elles-mêmes, on y voit toute la beauté de leur âme et de leur esprit. Vous savez, chaque personne est unique, et si on prend le temps de nous intéresser ou simplement d’échanger quelques mots avec les autres, l’on s’en rendrait tous compte. On me dit souvent que je suis une grande idéaliste, mais je pense que je suis simplement réaliste, le positif attire le positif, et c’est ce que je veux transmettre entre autres à travers ma démarche. Pour le court métrage, mon côté psychédélique prend le dessus, j’aime jouer sur la subtilité, mon art se veut suggestif mais jamais choquant, je trouve que l’on fait mieux passer certains messages ainsi, surtout dans notre société.

À quoi peut servir l’art justement ?

Pour cette question, je ne peux vous répondre sur l’art en général, mais je vais plutôt vous répondre par rapport à ma démarche : je souhaite redonner foi en nous, il faut croire en nos rêves ! L’homme est bon par nature, je souhaite que toute personne qui voit mon documentaire en sorte heureuse, que la personne qui voit l’un de mes travaux ait le sourire aux lèvres, tout en ayant compris le message. C’est peut-être un raisonnement enfantin, mais c’est le mien… Je suis une grande enfant, et je dis toujours qu’il faut rêver sa vie en couleur, car c’est le secret du bonheur, et c’est exactement le message que je veux faire passer.

Quels sont les sujets de société que vous aimez aborder dans votre art ?

Cela dépend du moment et de l’inspiration, mais je travaille beaucoup sur l’humain que j’aime sublimer et sur la femme.

Dans vos tableaux, la femme est omniprésente, pourquoi ?

Tout simplement car je suis une femme ! Et plus sérieusement, je suis une militante des égalités, j’ai d’ailleurs participé à deux résidences artistiques, l’une avec l’ONU Femme et l’autre avec une autre ONG ; quand je dis égalités je ne parle pas que du côté juridique et je suis contre le féminisme extrémiste. Vous voulez un exemple ? L’espace public, une Algérie où la femme se réapproprie cet espace comme dans les années 70 en gardant notre algérianité, voilà un de mes rêves… Et avec ce qui se passe en ce moment, j’ose espérer qu’on y reviendra…

Vous avez d’autres projets en perspective ?

Je travaille actuellement sur le montage d’un court documentaire Tiferdoud se raconte sur les gens de Tiferdoud, que j’ai filmé lors du festival Racont’arts, et je suis en pleine réflexion pour un nouveau projet documentaire…